Il est 12h, je me réveille à peine d’une nuit agitée. J’étais sortie assez tard et toute ce que je savais c’est que la soirée devait avoir été excellente car je n’en avais presque plus de souvenirs. C’était la première fois que je me prenais une cuite comme ça, mais je me souviens vaguement qu’on devait fêter quelque chose de très important moi et … Et qui déjà ? Oula oui, la soirée devait avoir été très bonne. J’allais rapidement jeter un coup d’oeil à mon reflet dans le miroir et soupira longuement : impossible de sortir avec une tronche comme ça, c’était sûrement interdit quelque part dans la loi. Tout en me douchant je sentais mon estomac crier famine, tu m’étonnes il fallait bien quelque chose pour éponger l’alcool. Je sortais et enfilais rapidement un jean clair et un débardeur blanc, courant ensuite vers mon frigo. Désillusion totale, mon meilleure m’avait abandonné  : vide, rien en tout cas qui me tentais. J’en étais au point d’envisager de me faire une tartine avec du coulis de tomates quand je me rendis compte que c’était peine perdue. Refermant la porte je la rouvrais quelques secondes plus tard dans l’espoir qu’un énorme sandwich soit apparut mais non, rien à faire. Soudain, l’idée brillante, l’idée de génie : si j’allais rendre une petite visite à mon frère et lui vider le frigo par la même occasion ? Enfin, me faire gentiment inviter à partager son déjeuner quoi bien sûr. L’idée me semblant excellente j’attrapais un bout de pain que j’enfournais dans ma bouche histoire d’avoir quand même quelque chose dans le ventre et enfilais mes talons et ma veste pour mettre à exécution mon plan parfait. 

J’arrivais chez lui un quart d’heure plus tard, fronçant les sourcils en entendant gueuler de l’autre côté de la porte des choses qui m’étaient inaudibles : j’espérais juste ne pas tomber dans une scène géante de mon frère ayant du mal à faire partir l’une de ses conquêtes, j’étais trop innocente pour ça bon sang, y’a des choses qu’on ne montre pas à sa jumelle ! Je toquais fort à la porte pour être sûre qu’il m’entende malgré le brouhahas et attendais sagement jusqu’à ce qu’il m’ouvre. Aussitôt je me sentais étouffée par son amour fraternel et lui rendit la monnaie de sa pièce en le serrant deux fois plus fort et en hurlant à mon tour « JOOOOSHHHH !! » Famille de tapés. 
Quand mes pieds retouchèrent le sol j’affichais un immense sourire, même si les choses n’étaient jamais faciles entre nous, Joshua et moi restions quand même assez proches. « Je me suis dit que je devais te manquer et puis que tu devais sûrement avoir super envie de m’inviter à manger chez toi alors pour gagner du temps je suis venue directement ! » enchainais je avec un immense sourire innocent de petit ange n’ayant rien prémédité du tout. « Au fait contre qui tu gueules ? A moins que t’aies perdu la tête et que tu t’engueules avec toi même maintenant ! » demandais je bien loin de me douter de ce que je risquais de trouver.

Spoiler:

Heureusement que je ne vivais pas avec Joshua, si parfois on avait été éloignés, on passait désormais le plus clair de notre temps à se hurler nos prénoms quand on se voyait et s’étouffer sous les câlins. C’était marrant mais de nombreux voisins ne pourraient sans doute pas nous supporter. Bref j’avais presque atteint mon but mais j’avais toujours l’estomac dans les talons quand même, j’espérais vraiment que Joshua ait quelque chose dans son frigo parce que sinon j’étais perdue, rien  que le voyage jusqu’ici m’avait ôté toutes mes forces et limite j’allais faire un malaise. Me libérant de l’étreinte de mon frère mais restant tout de même contre lui comme quand j’étais petite et par pure habitude je le regardais, un immense sourire de petite fille s’affichant sur mes lèvres tandis qu’il me disait que je lui avais manqué. Par contre la fin de sa phrase me fit tomber dans le plus profond des désespoirs, merde on était vraiment pas jumeaux pour rien lui et moi, fallait même qu’on ait nos frigos vides exactement au même moment ?! Vie indigne. Quoiqu’en y réfléchissant bien, sa façon de regarder vers la cuisine était étrange, comme si quelque chose y était caché et soudainement, je compris. « Me dis pas que y’a une nana à poil dans la cuisine quand même ?! » m’exclamais-je outrée, ne voyant que ça. « Non parce que dans ce cas là, t’as intérêt à m’offrir le restaurant ! » Et hop, petite princesse jusqu’au bout quand même. Bah quoi ? C’était la moindre des choses, on ne pouvait pas recevoir sa petite soeur avec une nana qu’on a tringlé la veille à poil dans la cuisine, surtout si c’est elle qui avait vidé le frigo… Et mon jumeau.

Tiens voilà, lui-même le disait il n’était pas seul, je n’étais pas folle, je l’avais bien entendu hurler de l’autre côté de la porte, peut-être que cette fois-ci elle n’avait pas envie de partir hein ? Fallait bien que ça lui arrive un jour ou l’autre à celui-là. Mais pourquoi me disait-il de rester calme en fait ? Je savais bien depuis longtemps que mon frère n’était pas puceau et fidèle, fallait pas non plus me prendre pour plus naïve que je pouvais l’être voyons. Je tournais vers lui un regard suspicieux, remarquant qu’il prenait la même position qu’un labrador pris en flagrant délit de vol de nourriture. Plissant les yeux je remarquais même qu’il se retrouvait presque derrière moi, allais-je vraiment me mettre en colère à ce point là? « Je veux pas m’asseoir. » lachais-je alors en lui faisant les gros yeux signe qu’il fallait vraiment cracher le morceau parce que là je paniquais quand même assez sévèrement.
Soudainement je sursautais en entendant une voix qui me semblait étrangement familière, sans pour autant être capable de me remémorer où je l’avais déjà entendue. Puis d’un coup je me retrouvais devant un fantôme, les yeux grands ouverts et l’air totalement figée, pire qu’une statue de marbre. « Merde… » lâchais je totalement sous le choc alors que pourtant je n’étais jamais vulgaire, mon frère n’aimant pas que de vilains mots sortent d’une si jolie bouche, mais là j’étais vraiment sur le cul putain. Je voulais reculer d’un pas mais tout ce que je réussis ce fut de m’emmêler dans mes propres pieds et de manquer de tomber par terre, heureusement retenue par Joshua qui avait du prévoir que je risquais de finir par terre sous le coup de la surprise.

Je restais totalement bloquée, encore pire que lorsque j’étais petite et tentait d’articuler correctement sans bafouiller quand je me retrouvais face à Oscar, mais là j’avais atteint un point de non-retour, je n’étai même pas sûre que de réussir à sortir le moindre son. Mort, mais pas mort. C’était incroyable. J’étais heureuse mais au fond de moi je sentais pourtant la chaleur vive de la colère qui s’insinuait peu à peu dans mes veines. Comment avaient-ils osé ne rien me dire ces deux là ?! pour Oscar encore, c’était limite pardonnable, peut-être avait-il oublié sa petite soeur maladroite qui n’arrivait jamais à faire une phrase sans se sentir bête devant lui, mais Joshua, Joshua ! Et pourtant ce fut vers mon aîné que ma colère se tourna tandis qu’il osait me sortir la dernière phrase au monde qu’on devait dire à sa petite soeur qu’on a oublié de prévenir du fait qu’on était pas mort. du bacon ?! Dieu savait que trente secondes avant j’aurais été heureuse d’entendre ça mais là, mon appétit avait été brusquement coupé. « Du..ba-bacon ? » et voilà que je bégayais de nouveau en face de lui, ça n’avait pas changé, mais cette fois-ci c’était surtout la stupeur et la colère qui me faisaient perdre mes moyens. Comment pouvait-il me proposer du bacon ?! Puis lentement je tournais ma tête vers mon frère tortue-labrador pour le fusiller du regard pour la toute première fois de ma vie. « M’asseoir ? M’asseoir ? Non Joshua je veux te tuer là !»  Sans doute était-ce une belle boulette de dire à son jumeau qu’on voulait sa mort devant son frère aîné qu’on pensait mort mais qui en fait ne l’était pas mais là, être ridicule devant Oscar était le cadet de mes soucis. Rapidement mes yeux faisaient des aller-retour entre eux deux avant de rajouter. « Mais vous comptiez me le dire un jour que mon frère n’était pas mort ?! Même la traînée que tu t’es tapé cette nuit le  sait et pas moi Joshua ! » hurlais-je alors brusquement en le repoussant avec force, réellement en colère.

J'avais cette sale sensation de me retrouver dans un mauvais rêve. J'avais envie de hurler, frapper, jeter tout ce qui se trouvait sous mes mains, à commencer par mes deux frères, sauf que j'étais la petite Solweig fragile, la petite princesse qui ne se laissait jamais dépasser par ses émotions, même les plus vives. Et pourtant là pour une fois j'explosais. Tout explosait d'un coup, le fait d'avoir toujours été mis de côté aussi bien par nos parents que par mes deux frères désormais. D'être celle qu'on oublie de prévenir du retour d'un mort dans notre famille, ou qu'on ne tente même pas de préparer psychologiquement. J'entendais des mots résonner dans mes oreilles de tous les côtés, aussi bien les insultes que je balançais mentalement aux deux hommes à mes côtés, que les mots que prononçaient Oscar pour tenter de se faire pardonner. Je retournais mon regard bleu tueur vers lui, pour une fois je n'avais pas peur de me ridiculiser devant lui. J'étais déjà totalement humiliée à vrai dire. Et blessée. Blessée de cette absence d'envie évidente d'avoir voulu me revoir au plus vite. Je passais rapidement d'une émotion à l'autre, de la colère à l'envie d'exploser en larmes comme un petit bébé, un vrai ascenseur émotionnel. Je pinçais très fort mes lèvres en regardant mon aîné s'excuser devant moi, et de nouveau je me sentais incapable d'aligner trois mots convenablement. "T'es revenu..." C'est con mais c'est comme ci mon cerveau commençait à assimiler la nouvelle, en fait mon frère n'était pas mort, mais bien vivant devant moi. Celui dont j'avais toujours eut le regret de ne jamais avoir eut le temps de connaître plus que ça. Depuis son départ j'avais toujours détesté les militaires, et en entendant ses excuses j'avais désormais une bonne raison de haïr notre gouvernement. Il m'avait pris mon frère. "Ca fait combien de temps que t'es de retour ?" demandais je alors en sachant très bien que la réponse pouvait me faire bondir de colère d'un coup sec. Si ca faisait un mois ou plus, là c'était certain que j'allais exploser comme une bombe.

La voix de mon jumeau me parvint ensuite aux oreilles, d'abord lointaine avant de se faire beaucoup plus proche, me sortant un peu de la torpeur dans lequel j'étais plongée à cause de cette nouvelle. Je me tournais vers lui, lâchant simplement. "C'est jamais ta faute de toute façon". J'étais assez amère, c'était vrai et mon comportement devait sans aucun doute le choquer. Moi, la douce princesse qui commençait à sortir de ma douceur. Mais j'avais le droit quand même ! En cet instant, il méritait de se sentir aussi mal que moi. "Et comment je vis le fait qu'aucun de vous deux n'ait eut un jour l'idée de se dire qu'il faudrait prévenir la soeur du retour d'un fantôme hein ?!" soufflais je en me retournant vers mon jumeau. "C'est à toi qu'il a pensé en premier à son retour !" ajoutais je avec une pointe de tristesse dans la voix. En même temps, qu'aurait-il pu attendre comme aide de la part d'une petite étudiante dont le frigo était actuellement aussi vide que son estomac ? A ses derniers mots je plissais les yeux, réellement vexée cette fois-ci. "J'engueule qui je veux ! Et je n'adresse plus la parole à qui je veux !" La menace était tombée, oui pour le coup je n'avais qu'une envie, me barrer et les planter comme des cons. M'en aller loin, dans mon lit en fait. Sous ma couverture, comme quand j'étais petite. C'était bien plus facile que d'affronter la réalité.

J’avais l’impression de me retrouver en plein milieu d’un film hollywoodien, vous savez dans ce genre de scènes mélodramatiques avec une musique lente en fond sonore. C’était totalement ça, et les reproches fusaient de toute part, un immense déballage de sentiments dans une famille qui pourtant avait l’habitude de rester secrète et renfermée sur ce genre de choses. Avec nous c’était certain, un psychologue aurait été obligé d’aller consulter, sans nul doute. Et je me retrouvais au milieu de tout ça, alors que d’habitude j’étais plutôt celle qui restait dans un coin et qui observait le tout. J’avais vraiment aucune expérience dans ce genre de choses, et encore moins de résistance si on répondait à mes attaques, même si pour l’instant mes deux frères -il fallait l’avouer- faisaient preuve d’un immense sang-froid malgré tout ce que je balançais au fur et à mesure que la confrontation continuait.
Un léger regard vers les mains de mon aîné et je remarquais ses poings qui se serraient, ce n’était jamais bon signe avec lui et je me demandais alors jusqu’à quel point il pourrait les serrer, peut-être était-il temps de calmer un peu le jeu Sol’, non ? Dans tout ce foutoir sentimental je savais bien pourtant que je pouvais servir de tampon entre les deux, du moins, quelques temps le temps que les choses reprennent un cours plus ou moins normal. Je me retournais vers notre aîné qui ne cessait de se confondre en excuse. J’avais mille questions en tête mais aucune ne franchissait mes lèvres, ce n’était ni le moment, ni l’endroit. Certains mots ne devaient être échangés que dans le cadre d’une conversation privée, au calme sans doute. Ses excuses me calmaient légèrement, il n’y avait jamais grand chose à répondre à ça, et je le comprenais à présent. « L’important, c’est que tu ne sois pas mort quand même… » murmurais je un peu bêtement, mais après tout cela n’avait jamais été dit. Il fallait quand même que l’on se rende compte de la deuxième chance que nous offrait la vie, moi qui m’étais répété de nombreuses fois après la « mort » d’Oscar que si j’avais eut plus de temps avec lui, les choses auraient peut être été différentes entre nous. C’était sans doute l’occasion de voir si mes pensées se révélaient vraies ou non.

De l’autre côté, je sentais mon jumeau monter crescendo dans sa colère. Il est vrai que j’y avais été fort avec lui, même si les paroles qu’il lâchait à présent faisait bondir mon coeur se colère. Si j’avais eut ce réflexe comme lui, sans doute que mes poings aussi se seraient serrés à cet instant et pourtant je me répétais mentalement de rester calme, que c’était inutile de répondre à ça, inutile d’envenimer les choses. Malheureusement pour moi, pour nous, ce furent ses derniers termes qui me firent lui lancer un regard assassin malgré la douceur perpétuelle qui semblait émaner de moi. Ses mots résonnaient comme une accusation et n’étaient pour moi qu’une façon de dire qu’au final, je n’étais qu’une égoïste. De sa part je ne l’acceptais pas, oh non. Je serrais fort mes lèvres, non pas de tristesse mais juste pour retenir ce qui avait tant envie d’en sortir. Des mots je le savais qui ne feraient qu’enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie. J’y mettais toute mes forces, non Solweig, ne le dis pas, ne le dis pas ! « Ca devrait être plus facile pour toi, tu en as été un aussi je te rappelle ! » Trop tard. Je n’avais jamais oublié son brusque départ de la maison quelques temps après la déclaration officielle de mort de notre aîné. Ce départ était gravé en tête, marquant le début de la rupture entre mon jumeau et moi. On en avait jamais véritablement parlé , et c’était sans doute pour ça qu’on avait jamais réussi à redevenir ce que l’on avait toujours été : inséparables. J’avais sans doute tapé un peu trop fort et je m’en voulais déjà d’avance. Je détestais être la cause de dispute et là, je venais de jeter de l’huile sur le feu sans aucun doute. Je lançais un regard vers Oscar, sorte de SOS silencieux, comme s’il pouvait effacer tous mes mots. J’ignorais même la dernière attaque de Joshua envers notre frère, je la trouvais assez basse, mauvaise. Je ne semblais reprendre conscience qu’au moment où j’entendais ses derniers mots. Rien à foutre, à vrai dire c’était un concept de lui pour lui, j’ignorais simplement que je pouvais aussi être englobé dans ce je m’en-foutisme général. Si j’avais tapé fort avant, il  venait de faire la même et je me sentais exagérément de trop à cet instant. Instinctivement je reculais de quelques pas en arrière : où il était le petit coin de pièce où je me cachais habituellement lors des disputes hein ?!

Sans trop que je ne sache comment, les rôles s’étaient peu à peu inversés. Si mon entrée fracassante et ma stupeur avait été le centre de la discussion, petit à petit la querelle entre mes deux frères étaient devenue le centre de notre débat désormais, enfin de leur débat car je me sentais bien trop de trop dans cette nouvelle dispute pour m’en mêler. Reprenant mes habitudes de petite fille craintive lors des grosses disputes de famille, j’avais reculé de quelques pas plusieurs fois de suite au point d’arriver dans un coin du mur, les regardant se disputer sans rien dire, préférant mon petit endroit comme quand je me cachais sous mes couvertures la nuit quand j’avais peur des monstres. Enfin juste le temps que Joshua ne vienne sous la couverture m’assurer qu’il les frapperait si jamais ils osaient me faire du mal. Ca m’avait toujours fait rire ça, et rassuré en même temps.

Je les regardais tour à tour, meilleure observatrice que participante active à la dispute. Je voyais mon frère aîné prendre sur lui et mettre toute la bonne volonté du monde à essayer de calmer les choses et se faire pardonner de son départ, de sa disparition, de tout en fait. Et en face de lui mon jumeau qui ne m’adressait pas le moindre regard malgré le mien qui se faisait insistant, je haïssais être ignorée et il le savait parfaitement, il savait que cela me faisait bien plus de mal que les mots. Je savais aussi que mon frère était un égoïste et pourtant j’avais jamais cessé de penser que c’était l’égoïste qui possédait le plus grand coeur. Je savais que de toute façon d’ici peu on aurait déjà tout oublié et qu’on serait passé à autre chose.
C’est en entendant la réponse de mon jumeau que je prenais enfin conscience de la gravité de leur dispute, il ne s’agissait pas simplement du fait qu’il soit parti, mais tout ce que cela avait engendré comme conséquence et comme blessure mentale à tous les deux. Je savais bien que mon adoré jumeau en avait souffert, lui aussi étant parti quelques temps plus tard, me faisant à son tour subir l’horreur qu’il avait lui même supporté. Comparativement à lui, je n’avais pas à me plaindre, je n’avais jamais crée un lien aussi fort que lui et Oscar, je n’avais pratiquement pas souffert alors que lui avait du encore plus mal le vivre que moi. Sans aucun doute ma timidité m’avait protégée de la douleur, même si j’avais mes propres regrets qui m’avaient quand même bien tourmentée. La phrase de mon jumeau est terrible lorsqu’il déclare qu’Oscar avait préféré la guerre à sa famille, certes c’était dur à dire mais il fallait bien qu’à mon tour, je dise ce que je pense. « Je l’ai pensé moi aussi . » Ce n’était pas facile à dire, mais c’était vrai, je le pensais quand j’étais plus jeune, après tout sinon il ne serait pas parti, si ?  A cet instant je n’avais qu’une envie, prendre mon jumeau dans les bras, je regrettais cette époque ou nous n’avions aucun secret l’un pour l’autre. Si j’avais su, si j’avais su je l’aurais consolé, si j’avais su. Si rien n’avait changé, tout serait resté parfait.  

Je ravale mes regrets quoi commencent peu à peu à faire se former une boule dans ma gorge, ne voulant pas transformer cette scène en un mélodrame je prends sur moi et reste silencieuse, relevant mon regard vers les garçons au moment où mon jumeau se dirige vers moi. Je sais pourquoi, je le connais et j’écarte même légèrement les bras prête à l’accueillir. Je pose ma tête quelques secondes sur son épaules le temps de respirer rapidement son odeur et de profiter de ses caresses dans mes cheveux. Je l’aime et ça ne changera jamais ça. Je le sens s’écarter et comprends bien qu’il vient de s’excuser, je hoche lentement la tête avec un mince sourire sur les lèvres lui faisant ainsi comprendre que c’est accepté. « Oui, puis à la base j’étais venue pour vider ton frigo je te rappelle ! »