#23# I love you, you're my best friend. [Alexander O. Breslin]

I love you, you're my best friend.

Alexander O. Breslin & Rose Clara Osway

On était samedi et la journée de Rose à la bibliothèque avait été grandement satisfaisante. Il n’avait pas fait beau de la journée et – enroulée dans un grand châle – Rose était assise sur le rebord de la fenêtre de son appartement, regardant la rue déserte, la tête contre la vitre. Il était vingt heures trente à la grande horloge de son salon et il faisait donc nuit noire depuis quelques heures déjà. La jeune brunette attendait Alex, son meilleur ami. Il n’était pas du tout en retard, soit dit en passant, étant donné que leur rendez-vous était fixé à vingt heures quarante-cinq. Le serveur de sushis venait juste de livrer les plats à la jeune fille car ce soir-là c’était à son tour de payer le repas. Alexander et Rose se voyaient assez régulièrement mais aucun des deux ne préparait jamais un repas lui-même. Ils commandaient toujours quelque chose – sushis, pizzas ou autre – et mangeaient assis en tailleur sur la table basse du salon de l’un d’eux deux. Et ce soir-là, c’était donc sushis sur la table basse du salon de Rose. La jeune fille avait déjà disposé les plats sur ladite table selon les préférences de chacun et avait ajouté une bouteille d’eau et une autre d’alcool de riz.

Les deux amis avaient des tonnes de choses à se raconter, sans nul doute jusqu’au bout de la nuit. Peut-être même qu’ils finiraient par s’endormir sur le canapé – en plein milieu d’une conversation - et qu’Alex passerait la nuit ici. Il leur arrivait parfois de dormir l’un chez l’autre, mais cela n’allait jamais plus loin entre eux. Ils tenaient trop à leur amitié mutuelle pour faire quoi que ce soit ensemble dans un lit – si ce n’est discuter ou dormir. Toujours assise sur le rebord de sa fenêtre, Rose souriait de voir la rue déserte sous la pluie. Elle n’était pas du genre à déprimer quand il faisait ce genre de temps, bien au contraire ! Elle commençait même à somnoler, dans cette position… Les doigts qui serraient son châle contre son cou lâchèrent légèrement prise, découvrant ses épaules sous sa robe assez échancrée. Elle fut réveillée en sursaut par le bruit de la sonnette et elle sauta sur ses pieds aussi vite que possible avant de se diriger vers la porte de son appartement. Elle l’ouvrit et se retrouva en face d’Alexander. Elle lui adressa un grand sourire avant de lui sauter au cou.

« Alex ! Je suis contente de te voir. Tu vas bien ? J’ai commandé des sushi. Des tonnes de sushis pour être tout à fait exacte. Enfin bref, entre ! »

Elle recula pour laisser entrer son ami et referma la porte derrière lui. Elle ne prit pas vraiment la peine de l’accompagner jusqu’au salon car il commençait à connaitre les lieux et s’installa à ses côté, en tailleur à côté de la table basse, sur un des coussins qu’elle avait installés pour l’occasion. Elle leva les yeux vers lui et lui adressa un sourire.

« Je te sers à boire ? »

Le matin Alexander c’était réveillé de meilleure humeur que tous les autres. Ce soir, il allait voir sa meilleure amie ! Manger un truc tout fait au coin d’une table de salon en discutant de tout ce qui c’était passer dans leur vie. Il pourrait lui dire qu’il avait retrouvé, enfin en partie Jonathan et puis sa rencontre avec Phoenix et puis sa collègue de boulot si sexy, et … et … bref des tonnes de chose et il était sur qu’elle aussi avait des tonnes de choses à raconter. Il ne savait pas trop ce qu’elle avait commencé mais il était sur que cela lui plairait. Ils avaient appris à se connaître et savoir ce que l’un et l’autre mangeait. Ils étaient parfois bien complémentaires d’ailleurs. Il ne s’était d’ailleurs pas trop tracassé sur le fait qu’il pourrait boire ou pas, il était certain que si jamais il avait bu plus que la dose interdite, il pourrait dormir quelques heures chez son amie. De quoi être heureux non ? Il aimait ce genre de soirée « au coin du feu » comme il aimait le dire. Oh bien sur, ils avaient d’autre activité comme le cinéma, le shopping, boire un verre dans un bar, sortir en soirée, s’éclater et ne penser à rien d’autre.

Il passa une journée en chantonnant, il était heureux et motivé que la journée se finissent. Il ne fit pas son passage habituel au pub. Il était bien trop pressé d’arriver chez son amie. Oh juste pour discuter de tout et rien. Il n’y avait rien d’autre entre les deux jeunes gens. Chacun tenait bien trop à l’amitié de l’autre pour tenter de changer la relation. Elle était jolie mais cela s’arrêtait là, il avait plus de feeling d’amitié qu’autre chose. Et si l’un dormait chez l’autre c’était à cause de la fatigue ou l’alcool, il leur était déjà arrivé de s’endormir en plein milieu d’une phrase sur le canapé sur lequel ils s’étaient affalés. Rien de plus rien de moins mais il avait envie de parler car il y avait eu beaucoup de nouveauté en quelques jours, c’était leur rendez vous de la semaine. Tout les samedis c’était la soirée cool. Il lui avait envoyé un ou deux SMS de la semaine avec des « J’aurais une nouvelle chose à te raconter. ». Il aimait ce rituel, c’était si agréable et cela le détendait beaucoup. Il aimait cette tendresse qu’ils partageaient sans pour autant que ce soit sexuel.

Il s’habilla d’un simple pantalon en jeans clair et d’un t-shirt bleu clair. Il avait mis une petite veste au dessus parce qu’il pouvait faire froid à cet heure ci. Il était 20h45 précise quand il sonna à la porte de la jolie Rose. Il sourit en la réceptionnant et son sourire s’élargit quand elle lui expliqua qu’elle avait commandé des tonnes de sushis. Elle le fit rentrer, et s’installa à sa place. Il eu un grand sourire.

- Oui je vais assez bien ! Tu n’imagines pas j’ai passé une semaine de dingue ! Et toi ? Oh ça faisait super longtemps ! C’est une magnifique idée ! Pour la boisson, que proposes-tu ? Et ne fait pas de différence avec l’alcool ou le soft ! Ou alors tu sais quoi ? Fait moi la surprise !

Il était de merveilleuse humeur et très enjouée. La soirée promettait d’être super. Et apparemment tout les deux avaient des tonnes de choses à se raconter.

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Alexander O. Breslin & Rose Clara Osway

Alexander était enfin là, dans l’appartement de Rose. Même si ‘enfin’ n’était pas réellement le mot approprié étant donné qu’il était arrivé pile à l’heure. Une vraie horloge que ce garçon. Ou alors peut-être possédait-il une machine à voyager dans le temps ou quelque chose du même goût qui lui permettait de faire tout ce qu’il devait faire dans la journée tout en étant à l’heure aux soirées hebdomadaires qu’ils s’organisaient tous les deux ? La jeune bibliothécaire n’aurait, de son côté, raté ces soirées pour rien au monde. Souvent, les gens qui l’entourait lui demandaient si entre elle et Alex il n’y avait vraiment que de l’amitié. La plupart étaient persuadés que les deux amis couchaient régulièrement ensemble et que leur amitié était basée sur cela. Au départ, Rose essayait de rétablir la vérité en leur expliquant clairement la situation, mais elle avait rapidement fini par laisser tomber car les plus lourdauds insistaient toujours. Après tout, qu’importe le regard des autres ? La brunette avait appris à se défaire de cette emprise depuis qu’elle assumait sa double préférence sexuelle. Et puis de toute façon, ce qui se passait dans sa vie ne regardait personne. Elle avait donc laissé les bruits courir si bien qu’au bout d’un moment ils s’étaient quasiment éteints. À quoi bon se fatiguer, n’est-ce pas ? Elle allait passer une excellente soirée, comme d’habitude ! Elle était excitée comme une petite puce parce que – d’après les SMS qu’elle avait pu recevoir, son meilleur ami avait des tonnes de choses à lui raconter. Et ça tombait bien parce qu’elle aussi avait des choses à dire à Alexander ! La soirée allait surement durer jusque très tard, c’était bien parti. Leurs soirées finissaient toujours très tard de toute manière. Peut-être aussi qu’elle proposerait au jeune homme de regarder un film. Elle avait reçu en cadeau un DVD qui avait l’air vraiment bien mais elle n’avait pas encore eu le temps de le regarder. Ce serait l’occasion.

Assise sur les coussins devant la table basse, elle regarda Alexander avec un large sourire. Elle le laissa quitter sa veste et venir la rejoindre à table. Apparemment, les sushis lui faisaient plaisir. Elle avait bien noté qu’il aimait ça. Ils se connaissaient depuis quelques temps maintenant et cela jouait dans le fait que chacun commençait à bien connaitre les goûts de l’autre. Rose aimait tellement cette amitié qu’elle entretenait avec lui ! Ça lui faisait plaisir d’avoir un ami de la sorte, à qui elle pouvait tout confier et qui pouvait tout lui confier en retour. Passer des heures à parler sans s’ennuyer, passer des heures sans parler et sans s’ennuyer non plus… Et tout ça sans tension sexuelle ou amoureuse. De l’amitié pure, en somme. Même si Alexander était plutôt beau garçon, Rose ne semblait pas y faire attention. Lorsqu’il lui demanda de lui faire la surprise, en ce qui concernait la boisson, la jeune fille regarda son ami dans les yeux avec un sourire emplit de malice, attrapa le verre qu’il y avait devant lui ainsi que le sien et se dirigea vers la cuisine. Dans cet antre, elle allait bien trouver de quoi leur préparer un cocktail sympa qui surprendrait son ami, non ?

« La surprise, hein ? Eh bien, j’espère que tu seras agréablement surprise, Alex ! Lui lança-t-elle depuis la cuisine, la tête à moitié enfouie dans un placard. Tiens, d’ailleurs je ne te dis même pas si c’est alcoolisé ou pas. Surprise jusqu’au bout, d’accord ? »

Le nez dans son placard, le cocktail qu’elle va préparer à Alex lui saute aux yeux. Aux vues des ingrédients qui se trouvent devant elle, elle peut aisément faire un ‘fun at the beach’. En plus, elle connait la recette ! C’est donc parfait. Sur le plan de travail se sa cuisine, on trouve donc les bouteilles de vodka et de midori, la crème de mûres et les jus d’oranges et de Cranberry. Elle verse un à un les ingrédients dans leurs verres, avec des proportions un peu hasardeuses mais qui lui semblent propices puis leur sert à chacun deux glaçons et remue les cocktails avec des pailles qu’elle plante dans chacun des verres. Elle sort finalement de la cuisine et pose un des deux verres devant Alexander avec de retourner s’assoir en face de lui. Elle lève ensuite son verre vers son ami.

« À quoi trinquons-nous ? À notre amitié ? Peut-être que tu vas facilement reconnaitre le cocktail que j’ai préparé, ou du moins deviner les ingrédients qui le composent ? »

Elle lui adressa un sourire en coin et un petit clin d’œil. Signe chez elle qu’elle lui lançait une sorte de défi. Trouver – si ce n’est le nom du cocktail – les ingrédients qu’elle avait utilisé pour le faire. La jeune bibliothécaire aimait beaucoup les petits défis comme celui-ci. Il faut dire que ça l’amusait bien autant de les lancer que de les relever. Après avoir trinqué, elle leva son verre et en but une petite gorgée. Bon, elle ne l’avait pas raté, il était plutôt bon. C’était déjà ça ! Elle le reposa sur la table, devant elle, et leva les yeux vers Alex.

« Alors, que devais-tu me raconter ? Je suis tellement pressée d’entendre ce que tu as à me dire ! »

Alexander aimait mettre un point d’honneur à être à l’heure. Il n’aimait vraiment pas le retard, il s’arrangeait souvent pour être à l’heure pile, quitte à attendre une heure dans la voiture. Enfin, il avait pas encore attendu autant de temps mais il lui était déjà arrivé d’avoir une demi-heure d’avance. Il n’aurait raté ce rendez-vous hebdomadaire pour rien au monde. Il aimait trop passé du temps avec elle. Et même si parfois, ils se faisaient des câlins, c’était en tout bien tout honneur, sans que ce geste amène quelques choses de plus physique. Lui aussi avait eu des remarques concernant leur amitié, beaucoup pensaient que c’était bien plus que ça, il n’avait jamais tenté de démentir, connaissant par habitude que cela ne servirait à rien, de toute façon, les gens n’en auraient fait qu’as leur tête et il était bien le dernier à se tracasser du regard des autres, depuis qu’il se savait bisexuel, il s’en était beaucoup moins intéressé. Et il avait abandonné de plaire à tout le monde quand il était sorti avec Jonathan et encore plus quand il était parti avec la « poubelle ». C’était sa vie et elle lui appartenait, à lui et à personne d’autre, aucun ne pouvait se permettre de juger et d’émettre un commentaire. De toute façon, il ennuyait la planète pour être poli, il faisait ce qu’il voulait et savait qu’il ne plairait pas à tout le monde. Enfin, il était impatient que la soirée commence, avec des sushis pour commencer, c’était magnifique ! Il était certain qu’il allait s’amusait et finir bien tard, de profiter de son début de week-end. Alex devait même avouer qu’il préférait ce moment à une sortie en boite, dans les bars ou même dans les bras d’un(e) inconnu(e). Discuter, s’amuser, rire et raconter tout ce qui était arrivé dans sa vie de nouveau, écouté ce qu’il y avait dans celle qui était sa meilleure amie depuis son arrivée. Il appréciait ce qu’il y avait entre eux.

Ils se parlaient depuis tellement de temps qu’ils avaient appris à connaitre les goûts de chacun, ils savaient ce qu’ils aimaient, ce qu’il détestait, ils étaient complémentaire dans un certains sens et c’était ça qui était merveilleux entre eux. Pas de politesse ou de dispute pour le sushi qui resterait, si l’un ne l’aimait pas, l’autre l’aimerait à coup sur. Sur ses pensées, il enleva son manteau et le posa au porte manteau. Il alla s’assoir près de son amie avec un grand sourire alors qu’elle revenait avec un verre. Il le prit avec un énorme sourire et trempa ses lèvres dedans. Et il le tendit et trinqua en même temps que son amie en prenant bien soin de la regarder dans les yeux tel que le veux la tradition, un sourire amusé se lisait sur se lèvres.

- D’accord ! A notre amitié si merveilleuse et je me permets d’ajouter à nos soirées du vendredi !

Il passa sa langue sur ses lèvres en reconnaissant la boisson délicieuse. Il adorait ce cocktail autant que les plats japonais. Il montra son pouce levé pour montrer son plaisir et ensuite il rebut une gorgée. Et déposa son verre sur la table avec l’air ravi.

- J’adore ton cocktail, si je reconnais bien la recette c’est un fun of the beach, j’adore le tiens bien que plus sucré que l’original. Mais j’adore quand c’est sucré. Oh le repas de rêve ! Je ne suis jamais déçu quand je viens chez toi chérie ! J’ai parfois l’impression que tu me reçois que moi je ne le fait. Toutes mes félicitations !

Elle lui demanda enfin ce qu’elle avait à lui raconter. Il prit une inspiration comme pour donner un effet un peu plus tragique. Il semblait chercher ses mots. Il observa son verre, pris un sushi avec beaucoup de délicatesse, il ménageait son effet et lâcha la bombe.

- J’ai rencontré un gars mignon et assez sympa mais complètement aveugle et sourd mais adorable et … J’ai vu Jonathan.

Il avala son sushi dans un effet théâtral. Il attendait avec impatiente la réaction de celle qui était sa meilleure amie. Depuis qu’il était arrivé ici, il n’avait cessez de le rechercher sans savoir ou il habitait. Il avait eu plusieurs lieu de possible de travail mais ne l’avait trouvé à aucun. Il s’était alors contenter de se rendre dans les endroits ou son amour était susceptible de passer.

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Alexander O. Breslin & Rose Clara Osway

Rose et Alexander assis autour d’une table devant de l’alcool et des sushis. Le tableau était parfaitement parfait. Leurs soirées hebdomadaires étaient toujours mémorables et entre eux plus aucune pression extérieure n’existait et grands dieux que cela faisait du bien ! Un véritable moment de détente, un exutoire commun. Chacun racontait ses petits et grands soucis à l’autre et l’écoutait en retour. Quand l’un d’eux avait besoin d’un conseil, le deuxième était toujours là pour le lui donner. Pas de langue de bois autour de cette table, chacun disait à l’autre ce qu’il devait entendre et non pas ce qu’il voulait. Alex était l’un des rares à connaître à peut-près tout de la vie de Rose. Du décès de sa mère au rejet de son père en passant par sa première expérience avec une fille comme avec un garçon. C’était assez fou de faire confiance à quelqu’un à ce point sans qu’il n’y ait anguille sous roche – comme le dit l’expression. Mais la confiance était la base de leur amitié. La base la plus solide qui soit, en fait. Rose était revenue de la cuisine avec les fameux cocktails et elle regarda Alex prendre une gorgée du sien an souriant. C’était un habitué alors elle ne fut pas surprise lorsqu’il lui révéla le nom presque exact du cocktail qu’elle lui avait préparé. Oui, presque. Bon, d’accord il avait juste dit « of » à la place de « at », mais bon… C’était du pareil au même, au fond ! Elle leva le pouce en l’air en réponse au sien, souriant de toute ses dents, avant de prendre son propre verre et de boire elle aussi une gorgée. C’était vrai, le cocktail était plutôt réussi. Elle s’améliorait, voilà une très bonne chose ! Elle haussa les épaules et leva les yeux au ciel avec une petit sourire en coin lorsqu’Alex décréta être mieux reçu par elle que l’inverse.

« Ne dis pas de bêtise, Alex ! Ta façon de me recevoir – lorsque vient ton tour – est exemplaire, ne t’inquiète pas. »

Elle reposa son verre devant elle avant de s’emparer d’une des deux paires de baguettes qui trônaient sur la table et d’hésité devant le vaste choix de sushis qui s’offrait à elle. Elle avait peut-être vu un peu grand, là… Finalement, ses baguettes plongèrent vers un sushi au saumon, qu’elle trempa légèrement dans le bol de wasabi avant de le porter à ses lèvres. Elle les avait commandés dans son restaurant fétiche et elle avait bien fait. Elle n’était jamais déçue quand elle commandait chez eux ou bien même quand elle mangeait sur place. Dans ce restaurant, ils étaient sympathiques, professionnel et la cuisine était succulente. Cela était largement suffisant pour convaincre la jeune bibliothécaire de se servir quasi-exclusivement là-bas. En plus, la qualité des sushis semblait bien convenir à Alex aussi. Rose était ravie que cette soirée ait enfin commencé et elle était tous sourires face à son meilleur ami. Elle reprit une gorgée de cocktail, essayant de ne pas le vider d’un trait, histoire de faire durer le plaisir.

« Des sushis, un peu d’alcool et un meilleur ami ! Comment une soirée pourrait-elle être mieux réussie… Je te le demande ! Franchement, je suis contente de t’avoir connu, c’est une vraie chance. »

Rose adressa un large sourire à Alexander avant de détourner le regard vers le plat de sushis et d’en mettre quelques-uns dans son assiette. Puis elle releva la tête et écouta Alex. Elle ne réagit pas tout de suite mais après quelques secondes de silence, elle le regarda bouche bée, ses baguettes stoppées à quelques centimètres de ses lèvres. Déjà, elle nota qu’il avait vu Jonathan… Aïe… Elle connaissait trop bien l’histoire. Mais surtout… Surtout il lui parla d’une rencontre qu’il avait faite et elle sut – à la courte description qu’il en fit – qu’il s’agissait de Phoenix. Elle le connaissait bien, très bien même… Vu qu’il s’agissait du flirt qu’elle avait déjà évoqué à Alex, sans lui en dire bien plus. Elle reposa doucement ses baguettes dans son assiette et se leva pour aller s’assoir à côté de son meilleur ami. Elle lui prit les mains et le regarda dans les yeux d’un air un peu ennuyé. Elle ne sortait pas officiellement avec Phoenix mais elle tenait beaucoup au jeune homme et… Et voilà… Elle se mordilla la lèvre, retournant dans sa tête ce qu’elle allait dire à Alex.

« Ce garçon que tu as rencontré… Ce ne serait pas PhoenixTownshend par hasard ? Si c’est lui il faut que tu saches que… Que c’est le flirt dont je t’ai vaguement parlé quelque fois… Tu sais ? Je l’aime beaucoup alors… Promets-moi de ne pas lui faire de mal – même pour te venger de Jonathan… D’accord ? D’ailleurs, comment cela se fait que tu l’as vu ? Et… Ça va par rapport à ça ? »

Ces soirées étaient ce qu’il fallait à Alexander pour qu’il puisse respirer, qu’il oublie un peu Jonathan d’une certaine manière, d’avoir de la tendresse en toute amitié, sans rien de plus. Mais c’était aussi une amitié avec de la confiance où tous les deux se disaient tout l’un sur l’autre y compris leur plus grand regret sans pour autant se juger, ils racontaient aussi tout ce qui faisait d’eux ce qu’ils étaient. Chacun avait parlé de ses expériences avec les hommes et les femmes. Des petits détails de la vie qui les rendaient heureux mais aussi malheureux. On pourrait dire qu’aucun des deux ne pouvait se passer de l’autre. C’était un besoin presque vital, c’était important de se parler de se raconter ce qui se déroulait pour eux. Il aimait vraiment cette femme mais en tout amitié sans aucune ambigüité, pour lui, c’était la preuve qu’une amitié entre fille et garçon pouvaient exister sans pour autant que les deux soient homosexuels.

Rose le rassurât sur sa façon de recevoir, ce qui fit sourire l’homme, il était content que sa meilleure amie apprécie sa façon de faire. Il avait parfois l’impression de la recevoir avec moins de cérémonie. Quand cela se déroulait chez lui, il l’invitait à rentrer, il lui arrivait parfois même de proposer de cuisiner avec elle, parfois cela se terminait en bataille de nourriture, c’était assez drôle. Ou bien il finissait de préparer. Il avait l’impression que c’était plus à la bonne franquette qu’autre chose. Elle parla de sa soirée merveilleuse et il eut un grand sourire ravi. Il prit une autre bouchée de son alcool profitant du moment. Elle lui dit qu’elle était vraiment contente de le connaître, il en était de même pour lui. Il lui arrivait souvent de se demander ce qu’il aurait fait sans Rose. Il n’aurait pas eu de garde fou, de quelqu’un pour le tenir, pour rester sain d’esprit, enfin aussi sain qu’il puisse l’être, il avait une réelle affection pour la jeune fille.

- Merci, j’ai parfois l’impression que je fais un accueil un peu plus pauvre. Je t’avoue que je ne connais pas de meilleure soirée, qu’un bon diner et une bonne boisson avec toi. Peu importe ce que l’on mange et ce que l’on boit. C’est toujours délicieux ! Je t’avoue que moi aussi je suis heureux de te connaître. Tu es celle qui me permet de garder les pieds sur terre et de calmer mes conneries, celles aussi à qui je peux confier tout ce que j’ai sur le cœur et ça fait un bien fou !

Il prit un sushi avec un poisson blanc, il n’avait pas encore détecté ce que cela pouvait être et le trempa dans la sauce soja, il n’était pas trop wasabi et le mit en bouche avec un petit soupir. Il trouvait que la nourriture était vraiment bonne, la brune avait sans doute commandé parce qu’il savait que c’était long de faire ces petits trucs si rapide à manger et vu la quantité, il doutait qu’elle ait eu le temps de le faire. Ce n’était pas contre son amie mais il savait à quelle heure elle rentrait du boulot. Alex remarqua sur son amie bloqua quand il lui lâcha la bombe ou plutôt les bombes, il ne savait pas trop comment réagir sur le coup. Il la regarda déposer ses baguettes pour aller se mettre à coté de lui et lui prendre les mains. Il planta ses yeux dans les siens alors qu’elle lui dit que le gentil gars qu’il avait rencontré c’était celui qu’Alex avait trouvé vraiment mignon et avec qui il avait passé un super moment à la salle de jeu. Il resserra les mains de son amie avec beaucoup de douceur et lui fit un petit sourire.

- Oui c’est lui. J’ignorais qu’il s’agissait de lui. Tu as bon goût, il est mignon et c’est un gars charmant. Je sais que tu l’aimes beaucoup, tu m’en avais déjà parlé. Promis, je ne lui ferais aucun mal. Je n’en ai pas vraiment envie. Je l’aime beaucoup, en amitié, il est tout gentil. On s’est rencontrés à la salle d’arcade, tu aurais vu comment on s’est amusé sur un jeu crétin, d’ailleurs je crois que des gens nous on prit pour des fous. On a sauté de joie quand on a réussi notre premier jeu, il a le don pour déclencher des super-combos, j’ai beaucoup aimé jouer avec lui et si je peux recommencer à le faire alors je serais content, c’est aussi une des raisons pour lesquelles je ne lui ferais pas de mal. Il faut d’ailleurs que tu me dises ou tu en es avec lui. Tu as avancé depuis la semaine dernière ? Sinon maintenant depuis que je le connais, je peux tenter de voir ce qu’il en est pour toi.

Il eut un sourire rassurant. Il n’avait pas envie de faire du mal à Phoenix et il ne voyait pas trop comment il lui en ferait. Il trouvait que ce petit gars était totalement sympathique et ne ferait rien sans son accord et sans s’assurer que cela ne lui ferait pas de mal. Il avait volontairement passé le passage sur John pour deux raisons la première étant qu’il voulait avant tout rassurer sa meilleure amie sur celui qu’elle aimait et ensuite, il voulait lui aussi se donner le temps d’avaler ce qu’il allait dire. On ne pouvait pas dire que cette première rencontre, pour ainsi dire, c’était bien passé.

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Alexander O. Breslin & Rose Clara Osway

Malgré leurs cinq ans d’écart, les deux amis étaient sur la même longueur d’onde, en parfaite osmose. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Rose n’avait jamais eu d’ami si proche. Pourtant c’était plaisant, rassurant d’avoir quelqu’un que l’on savait toujours là pour soi et d’être – en retour – toujours là pour ce quelqu’un en question. Puis avec Alex c’était facile. Il n’y avait pas trente-six mille questions qui lui passaient par la tête et elle lui avait donné toute sa confiance, aveuglement. Mais c’était un peu le deal de toute amitié. On ne savait jamais trop où on mettait les pieds mais sans confiance rien n’était possible. Et Rose était intiment convaincu qu’avec Alex, sa confiance était entre de bonnes mains. Elle, en tout cas, ne l’aurait trahit pour rien au monde. Et puis, le fait qu’ils travaillaient tous les deux dans le domaine des livres – elle à la bibliothèque et lui dans une maison d’édition – avait dû sûrement jouer dans leur rapprochement.

Elle se trouvait maintenant assise aux côtés d’Alexander, ayant préféré se rapprocher de lui pour lui confier qu’elle connaissait plutôt très bien le jeune homme dont il venait de lui parler. La pression des mains de son ami sur les siennes la rassura d’un coup. Ce simple contact avait réussi à l’apaiser et ce qu’il lui dit ensuite se chargea de finir le travail. Elle sourit quand il lui dit qu’elle avait bon goût et éclata de rire lorsqu’il lui décrivît rapidement la partie de jeu vidéo qu’ils avaient menés tous les deux. Elle voyait terriblement bien la scène se dérouler dans sa tête. Deux grands enfants ensemble, devant un jeu vidéo… Il y avait dû avoir de l’ambiance dans la salle d’arcade ce jour-là ! Elle adressa un sourire sincère à son meilleur ami. Sourire qui exprimait sans y mettre des mots le soulagement qu’elle ressentait. Elle lui adressa un sourire en coin et haussa un sourcil amusé quand il lui fit remarquer qu’elle avait de bons goûts.

« Oui, il est mignon hein ? Et puis… Tellement tendre et gentil avec moi ! Avec lui, j’ai vraiment l’impression d’être quelqu’un – avec toi aussi, hein, ne t’inquiète pas. Ajouta-t-elle avec un clin d’œil. D’ailleurs, quand j’y pense… C’est un peu comme notre relation, mais ce n’est pas que de l’amitié, évidemment. Je veux dire par là que c’est simple, ça coule de source. On ne se pose pas de question. »

Rose se releva, embrassa la joue d’Alexander au passage et retourna s’assoir devant son verre et son assiette. Elle reprit ses baguettes en main et jeta son dévolu sur un sushi entouré d’une algue, qu’elle mangea tout en réfléchissant à ce que venait de lui dire Alex et plus particulièrement aux questions qu’il venait de lui poser. Si sa relation avec Phoenix était si simple, c’est parce qu’ils ne se posaient pas de question, justement… Enfin, de son côté un peu quand même. Elle reprit son cocktail, qu’elle n’avait toujours pas fini, avec tout ça – et en bu une longue gorgée. La jeune fille tournait dans sa tête tout ce qu’elle devait dire à son meilleur ami, cherchant la meilleure façon de le dire. Elle savait bien qu’elle pouvait tout lui dire comme cela lui venait – pas besoin de prendre des pincettes entre eux – mais elle avait bien que ses idées soit organisée avec de les exprimer à voix haute. Parler de son ‘flirt’ lui avait fait légèrement monter le rouge aux joues et c’est avec un petit sourire qu’elle s’appuya sur sa table basse et releva les yeux vers Alexander.

« Où j’en suis avec lui ? Disons que je ne sais pas trop bien… Comme je te l’ai dit un peu plus tôt, on ne se pose pas de question, on se contente de vivre et de profiter des moments que l’on passe ensemble… Mais à vrai dire, je me demande parfois si on ne devrait pas aller plus loin, tous les deux… Mais je ne sais pas comment aborder le sujet avec lui… Enfin, pour moi ce n’est pas un sujet qui s’aborde mais c’est quelque chose qui se fera naturellement si jamais cela doit se faire… Tu ne crois pas ? Ensuite, je l’aime évidemment mais je ne sais pas si je peux employer le terme ‘amoureuse’. Il est très mignon, gentil, il a vraiment tout ce qu’il faut… Je ne sais pas. Tu dois te dire que je ne sais pas grand-chose ! Plaisanta-t-elle en levant les yeux vers Alex et en souriant. Mais le fait est qu’avant ce soir je n’avais jamais réellement étudié la question… Mais… Mais si tu veux je veux bien que tu essaies de voir ce qu’il en est de son côté. Tu es vraiment un meilleur ami génial, Alex ! »

Elle le regarda en souriant puis, après un petit instant de silence, se mordilla la lèvre inférieure. Alexander devait bien savoir ce qu’elle attendait : elle lui avait parlé d’elle, maintenant c’était à lui de lui expliquer son histoire avec Jonathan. Elle lui laisserait le temps qu’il faut pour parler, elle savait que ce n’était pas facile pour lui…

Alexander n’aurait trahi Rose pour rien au monde. Il l’appréciait grandement et ce depuis leur première rencontre. Une étrange alchimie c’était rapidement faite entre eux, était-ce parce que tous les deux travaillaient dans le même domaine – celui des livres, lui de l’édition, elle les louait - ou alors était-ce un sentiment étrange, un joli sourire ? Il y avait d'autres gens dans la rue quand il cherchait de l’aide, mais c’est vers il qu’il avait été, pas parce que c’était une jolie fille, il y avait un mec plus à son goût dans la rue. Il ne savait pas pourquoi, comme une force extérieure qu’il ne contrôlait pas, comme s’ils devaient se rencontrer en cet instant. Il ne s’était pas posé plus de question sur l’instant et encore maintenant. Il se contentait d’apprécier leur amitié à sa juste valeur, la jeune fille lui apportait beaucoup. Ils pouvaient parler de tout et de rien et aucun des deux ne se jugeaient, il s’acceptait l’un l’autre dans tout ce qu’ils étaient. Une amitié qui n’attendait aucun retour, aucune attirance sexuelle.

Il eut un sourire quand elle s’éclaira alors qu’il venait de dire qu’elle avait bon coup, c’était merveilleux. Et ce dernier s’agrandit quand elle éclata de rire sans doute imaginant la scène des deux garçons devant la console. C’est vrai que la jeune fille aurait bien ri en les voyant, ils étaient tellement motivés ce jour-là. Ils se souvenaient qu’ils avaient crié comme s’ils venaient de gagner une médaille olympique. Il n’avait pas regardé les gens qui s’étaient tourné vers eux choqué ou étonné mais il se fichait bien du regard des autres, il en avait toujours été ainsi alors pourquoi en serait-il autrement ? Il l’écouta souriant quand elle dit qu’avec lui elle avait l’impression d’être quelqu’un, elle précisa qu’avec lui aussi. Il avait très bien compris ce qu’elle voulait dire, il connaissait cette impression d’être une personne. Elle compara leurs relations et celle avec Phoenix, il comprenait aussi ce sentiment et s’en voulu d’avoir soudainement tout laissé tomber mais quel con !

- J’avoue. S’il ne t’avait pas tapé dans l’œil, j’en aurais fait mon quatre heures et peut-être même un peu plus. Je connais cette impression d’être quelqu’un quand tu es avec une personne, c’est la sensation que j’ai avec Jonathan. Oh j’ai aussi cette impression avec toi, mais c’est différent… Je connais ce dont tu parles… chérie, il ne faut pas que tu fasses la même connerie que moi. On a déjà passé des années à se tourner après. L’impression d’exister, d’être la plus belle personne au monde, on ne se pose pas de question, on vit l’instant, on le déguste, on a l’impression que c’est normal, on oublierait presque ses pires défauts.

Alex était un peu parti dans ses sentiments pour son beau brun. La demoiselle lui fit un bisou sur la joue, ce qui le réveilla – en quelque sorte – et il la regarda reprendre sa place et dévorer un sushi, il l’imita, il se disait soudainement qu’il avait faim et en mangea un nouveau après avoir pris une gorgée de cocktail. Peut-être devrait-il lui dire ce qui s'est passé avec celui qui hantait ses pensées, elle n’avait rien demandé et attendait sagement qu’il vienne lui en parler de lui-même. Respectant sa difficulté, elle ne disait rien, c’était aussi ce qu’il appréciait chez son amie, sa délicatesse. Il trouvait que la demoiselle savait faire preuve de discrétion quand cela était nécessaire et attendre le moment où il viendrait à en parler de lui-même. Elle expliqua qu’elle ne savait pas vraiment où elle en était avec l’homme de sa vie, qu’elle ne savait pas trop comment aborder le sujet « aller plus loin » avec lui, qu’elle penserait que cela se ferait naturellement. Elle semblait un peu perdue, bizarrement, il se reconnaissait dans la jeune fille. Elle finit par lui dire qu’il pouvait tenter d’avoir sa question et le remercier pour ce qu’il avait proposé. Il fit un petit sourire.

- Quand tu dis ça, j’ai l’impression de me revoir des années auparavant. Je me sentais si bien avec lui. Je n’ai jamais abordé le sujet, cela c’est fait naturellement aussi enfin, David nous a un peu poussé aussi. Je n’osais pas dire que j’étais amoureux de John, il me semblait juste parfait. Je ne sais plus si je t’avais dit que David m’avait cassé la gueule pour avoir fait l’enfoiré ? Je ne te ferais pas ça parce que tu es une fille si tu fais la connerie de laisser passer ta chance… Je vais lui demander quand je le recroiserais et, si tu veux, directement après, je te contacterais pour te dire quoi ! Merci Rose, toi aussi tu es une meilleure amie géniale ! Mais ne réfléchit pas trop, il suffit que tu t’écoutes parler de lui, tu dis toi-même, tu profites des moments avec lui, tu te sens différente avec lui, tu as même eu peur que je lui fasse du mal, tu t’es inquiétée sur ce que je pourrais faire jusqu’à venir à coté de moi… Réfléchis à ce que je viens de te dire chérie. Selon moi, ça veut dire beaucoup tu sais, j'suis passé par là.

Il lui fit un petit sourire et observa son amie et reprit un sushi après l’avoir trempé dans la sauce soja, il le dégusta avec délice. Il devait y passer, il reprit une gorgée du cocktail pour se donner du courage et fit un petit sourire.

- Je t’avais dit que régulièrement je fais au Freedom, un bar qui est totalement son genre. Il était là. La première parole qu’il a dite c’est que j’étais un cauchemar.

Ses paroles se bloquèrent dans sa gorge, il avala à nouveau son cocktail, il n’avait jamais imaginé que son ancien amant dirait ça, il s’en rendait encore plus compte maintenant

- Il avait des marques de coup, je me suis inquiété, il m’a dit que c’était du mensonge. Il n’a jamais pensé que j’étais amoureux… Pourtant, si je suis venue ici, c’est pour lui… Il a même carrément proposé de me déposer dans une gare quelconque. J’étais carrément furieux, t’imagine pas la façon dont on s’est disputé…

Évoquer ça était douloureux pour lui. Il finit d’ailleurs d’avaler son verre et avala un sushi. Il avait soudainement envie de boire tout ce qu’il pouvait, le sujet était douloureux.

I love you, you're my best friend.

Alexander O. Breslin & Rose Clara Osway

La soirée qu’elle partageait avec Alexander était des plus agréable, comme tous les moments qu’elle partageait avec lui d’ailleurs. C’était comme un moment de repos où elle n’avait plus besoin de faire semblant, de mentir ou de garder tout pour elle. Face à son meilleur ami, elle pouvait tout avouer sans avoir peur d’être jugée ou bien influencée. Même s’il lui donnait son avis, il respectait toujours ses décisions et n’était là que pour l’aider à être la plus heureuse possible. Et Rose, bien-sûr, faisait de même. La seule chose qui était importante à ses yeux c’était qu’Alex soit heureux. C’est vrai, c’est ce que tout le monde veut pour ses amis, non ? La jeune bibliothécaire avait maudit Jonathan à travers ce que lui en avait raconté Alex, mais elle savait aussi à quel point ce dernier en était fol amoureux. Elle, elle essayait tant bien que mettre son ami sur la bonne voie, mais ce n’était pas si évident que cela. Car quand bien même elle connaissait l’histoire par cœur, c’était une relation bien complexe que celle d’Alexander et de Jonathan. Au départ, Rose avait été un peu perdue et il lui avait fallu plusieurs explications pour assimiler toute l’histoire.

Pour le moment, Alexander lui parla à nouveau de Phoenix, ce qui était logique étant donné que la demoiselle venait de répondre aux interrogations de son meilleur ami, auxquelles elle avait répondu avec toute la franchisse dont elle pouvait faire preuve. Mais bon, mettre ses sentiments à plat de cette façon l’avait un peu perturbée. Il faut dire qu’elle n’avait pas vraiment l’habitude de se poser ce genre de question habituellement. Mais avec Alex, si. Si tout n’était pas clair dans sa tête à elle, elle savait qu’elle pourrait compter sur lui et qu’il l’aiderait à mettre un peu d’ordre dans ses idées. C’était marrant car pour une bibliothécaire – qui a l’habitude de classer et de ranger les choses bien comme il faut – le cerveau de Rose était un peu en mode bordélique. Et c’était comme ça depuis toujours. Chacun son mode de fonctionnement, après tout. Et la damoiselle ici présente était plutôt du genre contradictoire, donc rien d’étonnant, au fond. Elle adressa un clin d’œil à Alex lorsqu’il lui précisa qu’il n’aurait rien eu contre le fait de prendre Phoenix pour quatre heures – voire un peu plus – et écouta la suite de son discours dans lequel il compara les sentiments de Rose à ceux qu’il avait pu éprouver pour John. La jeune fille le regarda quelques secondes en silence avant de baisser la tête et de de mordiller la lèvre, puis de prendre la parole tout en jouant un peu à pousser du bout de sa baguette le sushi qu’elle avait au fond de son assiette.

« Je ne sais pas trop, Alex… Je ne sais pas si je peux me prétendre amoureuse de lui, vraiment. Mais je peux te promettre que si je me rends compte de quoi que ce soit dans cette ordre d’idée-là, je ferais tout pour ne pas laisser passer ma chance ! Et puis… Je suis sûre que tu seras là pour me botter les fesses, dans le cas contraire. Pas vrai ? Mais pas trop violemment quand même hein… Parce que oui, tu m’as raconté pour David et je n’ai pas vraiment envie qu’il m’arrive la même chose. Sûrement parce que je suis une fille, comme tu le dis si bien. En tout cas… Si tu en as l’occasion j’attendrai que tu me dises ce qu’il en est pour lui et j’aviserai une fois que je saurais. Parce que tu sais bien que dans ce genre de relation, je n’aime pas vraiment sauter sans filet, si tu me permets l’expression… »

C’était vrai. Rose n’était pas du genre à avoir peur d’un petit rien ou à ne pas oser les choses, mais les sentiments… C’était différent. Elle avait un peu plus de mal à s’investir, préférant les relations simples et sans interrogation philosophique de trois heures dans lesquelles elle n’était pas vraiment obligée de s’investir. Elle baissa les yeux vers son assiette, attrapa le sushi avec lequel elle jouait et le manga rêveusement. Puis elle écouta attentivement Alexander lui raconter ses retrouvailles avec John. Elle savait qu’il comprendrait qu’elle ne voulait plus parler de Phoenix pour le moment, qu’elle y réfléchirait plus tard. Maintenant, c’était à son tour de parler et Rose savait que c’était difficile pour son meilleur ami. Elle devinait bien que cela ne s’était pas bien passé, sinon, Alexander ne ferait pas cette tête-là… En silence, elle lui adressa un petit signe d’encouragement et écouta son récit, fronçant de temps en temps les sourcils.

« Alexander… Écoute, vous êtes deux adultes, non ? Je suis sûre qu’en plus, vous vous aimez tout autant l’un que l’autre ! Ce n’est pas possible autrement… Il n’a pas pu t’oublier ni oublier ses sentiments mais… Il doit tout de même bien t’en vouloir, ce que tu peux comprendre, non ? Il te faut regagner sa confiance, petit à petit. Pour ça, il faut que tu évites de faire l’idiot. Son amour, je suis sûre que tu l’a encore. »

Rose adressa un sourire qu’elle voulait rassurant à Alex tout en écoutant la suite de sa rencontre avec cet homme qu’il aimait tant mais à cause du quel il souffrait beaucoup. Beaucoup plus qu’il ne voulait bien l’avouer d’ailleurs, elle en était sûre.

« Ce n’est jamais qu’une réaction à chaud, tu sais. J’imagine à quel point c’est douloureux mais… Si ça se trouve, il ne le pensait pas. Il faut seulement qu’il digère le choc de t’avoir revu, tu vois ce que je veux dire ? Il ne s’y attendait pas du tout alors forcément… »

La jeune fille haussa les épaules en laissant sa phrase en suspend. Elle pouvait concevoir la réaction de John. Quand le passé revenait comme cela, sans prévenir, ça devait faire un choc ! Mais elle ne voulait surtout pas qu’Alexander souffre et pour le coup, elle se creusait les méninges, buvant une gorgée de son cocktail.

« Je suppose qu’avec un peu de recul, il va aussi y réfléchir et qu’il reconsidèrera tout ce qu’il t’as dit lorsqu’il t’as revu, dans ce bar… Et toi, d’ici-là, essaie de faire en sorte de regagner sa confiance, tu vois ? Montre-lui que tu l’aimes encore mais n’en fait pas trop tout de même, cela ne fait jamais très sincère. »

En relevant les yeux vers son ami, la jeune brunette remarqua le verre vide de celui-ci et devina à son regard qu’il avait besoin d’alcool. Elle tendit le bras vers la première bouteille à sa portée et en remplit le verre du jeune homme. Il en avait besoin et puis s’il buvait trop, il resterait dormir ici, ce n’était pas un problème, loin de là.

Alex définirait leur amitié comme une relation ou régnait un respect mutuelle, une confiance absolue, une écoute sans faille, aucun jugement et aucune sorte d’influence quelle qu’elle soit. Ils pouvaient donner leur avis, mettre en garde s’ils avaient l’impression que l’autre courait un danger quelconque (même sentimental) mais cela s’arrêta là et l’avertissement devait toujours se faire en délicatesse. Pour lui, et il avait l’impression que, pour elle, aussi, il s’agissait de normes implicites. Il n’avait pas eu d’hésitation à parler de sa bêtise à la jeune fille, de sa façon d’agir mais de tout le reste aussi. Il avait du s’y reprendre à plusieurs fois avant qu’elle ait bien tout saisi. Oui, Alexander n’avait pas encore fait dans les histoires simples. On aurait pu croire qu’il avait pris une inscription à vie pour la complexité, il avait l’air d’adorer ça, ou surtout ce plaindre de ça. Rose était une des rares personnes avec qui il se permettait de dire que sa tête était en désordre mais cela allait dans l’autre sens aussi, cela faisait tellement de bien au jeune homme. Il écouta la jeune fille dire qu’elle ne savait pas trop comment déterminer tout ça. Pour lui, tout était plus clair dans la tête de son amie que ce qu’elle voulait bien se l’avouer à elle-même.

Il eu un petit sourire alors qu’elle lui disait qu’elle si elle se rendait compte qu’elle était amoureuse, et il semblait même amusé car elle venait de lui dire qu’elle n’espérait pas qu’il fasse comme David. Est-il nécessaire de dire que c’était une histoire entre deux hommes ? Et puis Breslin n’est pas vraiment le genre à frapper les femmes, même si c’est pour leur remettre le cerveau en place. Elle termina en disant qu’avant de se pencher sur la question quand il aurait parlé à Phoenix parce qu’elle avait besoin de savoir ce qu’elle faisait. C’était une façon de voir les choses en effet. Tout en réfléchissant un peu, il avala un autre sushi après l’avoir tremper dans de la sauce soja. C’est comme ça qu’il les préférait. Il l’écouta dire qu’il s’aimait sans doute autant l’un de que l’autre. Elle lui dit qu’elle serait étonnée qu’il l’ait oublié. Ca il savait que Jonathan ne l’avait pas oublié, il se doutait bien que l’autre s’en voulait mais il avait eu l’impression que l’amour c’était transformer en haine. Il baissa la tête, il se sentait malheureux.

- Pour Phoenix, ne t’inquiète pas, je te mettrais un coup de pied au cul. Mais je ne risque pas de te mettre une droite, c’était parce que c’est une histoire entre hommes. Je ne frappe pas les femmes tu sais chérie. Pour te mettre le cerveau en place, j’ai d’autre solution, rassure toi, je n’en viendrais pas aux mains avec toi. Pour Jonathan, j’ai plus l’impression que ses sentiments se sont transformé l’inverse tu sais, je sais qu’il peut m’en vouloir mais je ne m’attendais pas à autant de méchanceté de sa part et encore ce n’est que le début de notre rencontre. Je ne compte pas faire l’idiot, je veux le récupéré quoiqu’il m’en coute. Tu le sais, je t’ai dit ce qu’il en était pour moi …

Et il était prêt à faire beaucoup de sacrifice pour retrouver son amour perdu et pouvoir vivre à ses côtés. Pouvoir reprendre ce qu’il avait avant, même s’il devait rester sage, ne plus draguer, voir un psy-machin-chose ! Bon, il n’accepterait pas de ne plus voir David mais de ne plus coucher avec lui, il était bien d’accord aussi.

- Je vois ce que tu veux dire mais bon, ce n’est pas agréable de s’entendre dire que l’on est un cauchemar et qu’on peut se faire ramener à la gare avec toutes ses affaires sans tenir compte du fait qu’on s’est peut-être déjà installer depuis un moment. Depuis combien de temps on se connait ? Tu m’as vu à mon arrivée…

Il lui parla de tenter de faire un maximum pour regagner sa confiance, c’est bien ce qu’il comptait faire, tenter de se faire sage et pas trop dragueur, surtout en présence de son tendre amour. Bah quoi ? Il ne faut pas demander à un fumeur d’arrêter en un jour, alors pourquoi devait-il renoncer à ce qui était sa drogue en un jour ? Quand elle le resservit un nouveau verre, il inclina la tête en signe reconnaissant. Elle était adorable avec lui, elle comprenait ses envies sans qu’il ait besoin de les dires, juste à son regard. Il ne reprit pas son verre de suite et se dit qu’il devrait lui décrire la suite de leur rencontre. Il prit une inspiration.

- Il avait un énorme bleu sur le visage, c’était certain qu’il s’était fait tabassé. C’était clair et net pourtant, il n’a rien voulu me dire. Je sais que je suis un charmeur, c’est comme maladif chez moi, mais, il savait que j’étais sincère avec lui, il me connait autant que David, il sait quand je suis sincère et quand je ne le suis pas. Je ne sais pas trop ce qu’il espérait, pourquoi il m’a parlé de cette fille avec qui j’ai fait la plus grosse bourde de ma vie… Je n’ai pas pu m’empêcher de dire qu’il n’avait fait aucun effort pour me retrouver, je peux comprendre qu’il m’en veuille parce que je suis partie avec elle. Il a dit que c’était plus simple de faire comme s’il ne se souvenait plus, il a toujours fuit les soucis et il le faire encore. Il à l’air d’avoir eu des tendances à vouloir se détruire, je m’inquiète sincèrement pour lui. Et ensuite, il m’a dit qu’il avait quelqu’un, comme quoi il avait réussi à refaire sa vie, que cela lui plaisait… j’ai un étrange mal à y croire.

Il avala à nouveau le contenu de son verre, il avait besoin de se calmer, bizarrement, parler de ces parles dure lui faisait beaucoup de mal. Il poussa un soupir et tenta de s’imaginer quelques choses qui lui faisaient du bien… L’image qui s’imposa à lui, ce fut David qui parcourait son corps il y a de cela un peu plus d’une semaine, c’était réconfortant, c’était une des plus belles sensations, il s’efforça ne de pas penser à la plus belle. Il passa sa main sur sa nuque et se la massa pour tenter de se détendre. Il n’avait pas envie de pleurer devant Rose, même si c’était sa meilleure amie, il se devait d’être un homme.

Il se reprit un instant et alla manger un autre sushi, tentant de penser à tout sauf à sa rencontre, à tout ses mots échangés, toute cette douleur. Il voulait penser à tout sauf à ça, se tenir, ne pas craquer, finir son histoire, après il le ferait. Plus tard, pourquoi ne pas aller voir le brun qui lui servait de meilleur ami, celui qui lui avait bien fait comprendre qu’il avait fait la plus belle des conneries. Il pourrait même profiter d’un peu de tendresse avec lui.

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