Dans la vie il y a plusieurs catégories de personnes, les optimistes, les pessimistes, les croyants, les athées, les fatalistes et... les superstitieux. Si Jonathan avait facilement accepté une bonne partie de ses traits de caractère, il en ait un qu'il niait en bloc : la superstition. Il évitait juste de passer sous les échelles – ça peut tomber en cas de vent hein – de croiser un chat noir – mais nooon c'est juste que les chats ça griffe et il les aimes pas – ou encore de se retrouver 13 à table. Bon cela n'arrivait jamais de toute manière.

Il ne croyait pas en ces histoires de bonne femme non... et mon cul c'est du téflon John ? En ce moment tu es clairement en train de te dire que tu es maudit, tu oublies que je lis en toi comme dans un livre. Ha et maintenant... ouais... John cherche d'où viens cette petite voix agaçante de vérité. Oui, en ce moment il pense être maudit. Rembobinons l'histoire, que tout le monde comprenne.

Il y a un mois de cela, il s'était fait refaire le portrait par Joshua qui lui avait promis de faire de sa vie un enfer car il ne l'avait pas appelé. Le lendemain – non sérieusement – son ex, Alexander, avait surgit comme un diable hors de sa boite dans son bar favori – s'en suivit une discussion longue et agaçante – et maintenant... non mais franchement, vous êtes certains que les sorciers, le vaudou ou les trucs de ce genre ne marche pas ? Que John n'aurait pas vexé quelqu'un de mort ? Sur ? Bon ok...

Où en étions-nous... ha oui ! Donc c'était une journée pluvieuse normale, le temps était si sombre que l'on se serait crût en pleine nuit alors qu'il n'était que quatorze heure. La météo avait soudainement changée et John qui jouait de la guitare dans le parc avait été obligé de replier ses affaires, de mettre la capuche de sa veste de sport noire sur sa tête – même s'il était déjà trempé – et il prenait le chemin de son appartement en courant, ne regardant nul part tellement il était pressé de rentrer. On dit que ce genre de chose n'arrive qu'aux autres, qu'on ne voit ça que dans les films... pourtant cette fois la réalité et la fiction se rejoignaient dangereusement.

Comme dit plus haut, la nuit semblait être déjà tombée, vu l'heure les lampadaires étaient tous coupés évidemment et bien que certains automobilistes aient eu la présence d'esprit d'allumer leurs phares, ce n'était pas le cas de tous, par exemple de ce frimeur avec sa BMW noire, qui roulait comme en plein jour, sans lumière, qui ne voyait donc pas cette silhouette vêtue en noir. Vous devinez la suite n'est-ce pas ? Heureusement le chauffeur ne roulait pas trop vite, enfin... il dépassait tout de même la limitation mais son pied et le frein se sont heureusement rencontré dès qu'il a entendu un bruit sourd et que son esprit s'est dit : « merde j'ai buté un truc. » bah le truc, c'était Jonathan Mitchell qui venait sans doute de battre le record du monde de saut en hauteur pour les vingt prochaines années, il faudrait le mettre dans le livre des records, mais il ne le ferait pas deux fois. Non, cette fois là lui suffisait amplement entre la douleur cuisante qu'il pensait comparable à une machine en train de lui broyer les os, sa tête qui semblait sur le point d'exploser, le bourdonnement dans ses oreilles. Ses jambes... qui semblaient avoir disparues, en fait il ne sentait plus rien et n'entendait pas à travers le coton dans lequel il se retrouvait ce qu'il pouvait se passer autours.

Après cela, John ne se souvenait de rien et heureusement il ne sortait jamais sans ses affaires et papiers d'identité. En farfouillant dans les affaires du jeune homme les secours – appelé par le chauffard – avait vu que John avait rendez-vous en fin d'après-midi avec un dénommé Phoenix, qu'ils avaient donc appelé, mais avant bien sur ils avaient regarde en début d'agenda, vous savez la petite ligne « personne à prévenir en cas d'urgence » et évidemment, sans la moindre surprise, il avait mis Declan – avec un petit cœur comme les filles ouais – et le numéro de ce dernier. C'est ainsi que les choses avaient commencés, les deux jeunes hommes avaient reçu le même appel :

« Bonjour je suis le docteur Hopper, je vous appels car Jonathan Mitchell vient d'être emmené aux urgences du St James Hospital suite à un accident de la route. Nos médecins s'occupent actuellement de lui mais si vous voulez venir le voir.... »

Et tout le blabla habituel. Même si cette journée allait être autant surprenante que difficile à vivre pour John, Declan et Phoenix. D'une part parce que les blessures de John étaient assez conséquentes, même s'il ne ressemblait pas encore à du Picasso, de l'autre par ce qu'ils allaient apprendre.

Le début de cet après-midi était morose, tout comme le matin, mais Phoenix s'en fichait tant il ne voyait rien. Il n'entendait pas les gouttes de pluie s'écraser contre les fenêtre de la maison, seulement les bruitages cheap de Super Mario Bros qu'il jouait sur la NES.
Sa mère observait tendrement son fils, assise dans le canapé derrière lui. Le jeune homme était assis en tailleur par terre, à torturer sa manette de ses doigts et à fixer la télé sans jamais voir ce qu'il se passait à l'écran.
" Attention, il y a un trou, là. " prévint sa mère avant de voir Phoenix appuyer sur un bouton pour faire sauter le personnage. Et ainsi de suite. Elle guidait Phoenix au fur et à mesure qu'il avançait dans le jeu. Cela les amusait tous les deux. Cependant, elle se demanda quel jeu elle pouvait lui acheter les jours où elle serait absente. Il y avait beaucoup d'obstacles sur Super Mario Bros qui ne pouvaient être évités rien qu'en les voyant arriver. Et en ayant des réflexes sur la manette, ce que Phoenix avait sans problème. Seule sa vue le handicapait fortement et lorsque sa mère n'était pas là pour lui dire où aller, où frapper et où sauter, le jeune trentenaire avait sans cesse des Game Over.

C'est ce qui arriva lorsque sa mère s'absenta un instant pour répondre à un appel sur le vieux Nokia 3310 de Phoenix qui ne lui servait pas à grand chose. Elle revint ensuite dans le salon et demanda au jeune homme qui s'énervait sur la télé qui était Jonathan Mitchell.
" Oh, c'est... " fit le jeune blond en passant d'une main une touffe de cheveux derrière son oreille, " ...tu sais, c'est le guitariste de rue dont je suis fan. J'ai eu la chance de parler un peu avec lui après qu'il ait joué une chouette mélodie dans un bar. Comme il était cool ! "
Il posa une main contre sa joue et souriait d'un air rêveur. Hélas, sa mère le fit revenir à la réalité en disant :
" Il est à l'hôpital après qu'il ait eu un accident de la route. "
Le sourire de Phoenix s'effaça progressivement et sa main qui était sur sa joue s'écrasa sur le parquet. Son cœur battait la chamade et les larmes coulaient comme des torrents de ses yeux vides qui pétillaient de chagrin.
" Ils disent qu'ils s'occupent de ton guitariste en ce moment, et que si tu veux le voir- "
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que Phoenix se leva d'un bond et se cramponna à sa mère après avoir failli trébucher.
" Oui Maman, je veux le voir ! " criait-il malgré les sanglots, " S'il te plaît, emmène-moi à l'hôpital ! Je veux pas qu'il meure ! Il a tellement de talent, pourquoi il n'aurait pas la chance de pouvoir un jour monter sur scène ?! "
Sa mère câlina son fils et caressa ses cheveux en essayant de le rassurer, qu'il ne va peut-être pas mourir, que beaucoup de gens se sortent de ce genre de situations. Elle accepta vite de l'emmener voir Jonathan, elle qui ne pouvait supporter de voir son beau garçon si malheureux.

Elle eut à peine le temps de se garer devant l'hôpital que Phoenix sortit déjà de la voiture et se rua tant bien que mal, tel un pantin, vers l'entrée de l'établissement. Il poussa brusquement la porte au moment où un grand trentenaire blond -semblable à Phoenix, bien qu'il ait les cheveux courts- hurlait à la personne derrière le guichet de réception qu'il venait voir lui aussi Jonathan Mitchell. Dans sa panique, Phoenix eut seulement compris le nom de son guitariste préféré et, malgré les efforts de sa mère pour le retenir, se rua vers l'accueil et cria à bout de souffle :

" Oui moi, je viens voir Jonathan Mitchell !"

Pas de doute, quand John allait être ramené dans sa chambre et se réveiller correctement, il allait hésiter entre deux-trois choses, s'excuser auprès de Declan, s'excuser auprès de Phoenix – ouais le mec il se fait bouler mais il est désolé tu sais, non mais c'est vrai, imaginez s'il avait âbimer le trottoir en voulant apprendre à voler – ou encore avoir peur de se faire larguer.

Ce mec est une Drama Queen à lui seul. N'allez jamais lui dire, il le sait. Par contre ce qu'il ne savait pas, c'est que la secrétaire à l'accueil venez de se recevoir sur le nez deux jeunes hommes inquiets – pour ne pas dire hystérico-inquiets – qui demandaient justement à avoir de ses nouvelles. Dans un premier temps, la femme avait sincèrement pensé à leur demander de se calmer, en voyant le regard de Declan, elle avait plutôt commencé à prier le petit Jésus en culotte de velours pour ne pas se faire tuer, et après un regard incertain envers les deux elle abandonnait même l'idée de demander s'ils étaient de la famille. Surtout que s'ils étaient là, c'est que l'hôpital avait appelé. Bravo ! Première connexions des neurones de l'année, retourne étaler ton vernis.

« Il est pour le moment toujours au bloc. » information dont tout le monde se fichait, ils voulaient un constat. « Il a été renversé par un chauffard, quand il est arrivé il était inconscient avec plusieurs fractures et une hémorragie. » en parlant de ça d'ailleurs... « Est-ce que l'un de vous est du groupe sanguin O ? Nous n'en avons plus ici et c'est assez urgent pour votre ami. »

Que ceux qui ont envie de frapper la secrétaire pour son côté évasif lève la main ! Non John, toi tu n'as pas le droit, tu es en train de te faire soigner, par définition tu es même pas conscient alors baisse cette main tout de suite ! Bien. Non mais.

Ce qui avait été dis n'était pas pour rassurer Declan ou Phoenix. Il était d'ailleurs très clair que John avait dû perdre pas mal de sang pour qu'il faille lui en transfuser mais que voulez vous, on ne pouvait pas avoir ce genre d'accident et uniquement s'en tirer avec une bosse sur la caboche.

Donc oui dans tout cela, dans ses pensées un peu tortueuses tandis que la réponse sur le don de sang tomberait, John pensait qu'il fallait qu'il tienne pour rassurer Declan, son blond avait horreur des hopitaux en plus, il avait tellement peur de perdre les personnes auxquelles il tenait. C'était entre autre pour cela justement qu'il s'était forgée une image de salopard qui s'était effritée avec John.

Phoenix lui, c'était un petit gars fragile. Il était non-voyant, un peu naïf sur les bords et sans mention, Jonathan avait eu un petit coups de cœur pour ce gars qui était un jour venu lui parler après qu'il ait joué dans un bar. C'était la première fois qu'une personne venait lui dire qu'il avait du talent, assez en tout cas pour ne pas se contenter des bars et de la rue. Aujourd'hui ils devaient se voir, John voulait lui proposer de lui apprendre le piano, après tout beaucoup de personnes aveugles en jouaient divinement et ce serait sa façon de remercier le plus âgé. Enfin pour le moment il verrait plus tard en tout cas.

« A-t il de la famille à prévenir ? Nous n'avons rien trouvé dans ses affaires à ce sujet. »

Jonathan aka le gars qui a tellement d'estime pour sa famille qu'il ne l'a même pas dans son téléphone ou son agenda.

Phoenix bougeait des jambes et tapotait frénétiquement des doigts sur le comptoir de la réception. Cette pression le rendait fébrile et instable. Il ne pouvait supporter une telle tension. Heureusement, sa mère s'approcha de son fils et l'enlaça autour de ses bras flasques. Phoenix se sentit un peu apaisé... jusqu'à ce que la réceptionniste donna un bref compte-rendu sur l'état de Jonathan. Phoenix posa brusquement son front contre la table et commença à sangloter. Il s'estimait heureux de ne pas voir à quoi ressemblaient un accident de la route, une fracture et une hémorragie, mais il était conscient que c'était des blessures très douloureuses pouvant même mener la victime à la mort. Sa mère lui caressa les épaules, désespérée de ne pouvoir le consoler.

La dame de l'accueil demanda si l'un des deux hommes étaient de groupe sanguin O. Phoenix leva doucement la tête, les yeux boursouflés par les pleurs. Après que l'autre jeune homme fut énervé contre la réceptionniste en répondant qu'il était A+, la mère de Phoenix répondit à la place de son fils qui ouvrait la bouche mais qu'aucun son ne sortait hormis des gémissements :
" Oui, mon fils est O-. Vous allez faire une transfusion de sang ? "

Le jeune aveugle tressaillit en entendant " transfusion de sang ". Il se retourna brusquement vers sa mère et s'écria :
" Hein ? Quoi ?! C'est quoi une transfusion de sang !? "
Elle expliqua à son fils ce qu'était cette pratique en plus de lui dire que cela permet de sauver des vies et que c'est pour cela qu'il est noble et vital de donner son sang aux hôpitaux.
" Ça va faire mal...? " demanda faiblement le jeune trentenaire effrayé.
Sa mère lui dit 'oui' en tout sincérité avant d'ajouter avec un sourire : " Lors de la transfusion, au lieu de penser à la douleur tu penseras à ton Jonathan. "

Phoenix eut un air morose sur son visage. Ce serait plus facile s'il connaissait le visage de son guitariste préféré mais il fit en sorte de garder son sang-froid et de voir le côté positif des choses : les seuls souvenirs qu'il avait de Jonathan étaient sa voix et sa musique. Il se cramponna à la veste en laine de sa mère et geint :

" J'ai peur, Maman. "
" Je sais, mon chéri. " répondit tendrement sa mère en lui caressant les cheveux, " Mais il le faut bien pour ta star. On trouve très peu de sang de groupe O et tu es le seul qui peut lui en fournir. Ton idole te considérerait comme un sauveur ou un héros, qui sait. "

Il sourit légèrement mais nerveusement. L'idée d'être un sauveur aux yeux de Jonathan lui faisait palpiter le coeur. Mais une pensée plus nuisible lui traversa l'esprit : il ne savait pas si c'était pire de ressentir la douleur lorsqu'on en voyait la source ou en étant aveugle. Il frissonna à cette pensée.

La tête haute, il s'éloigna de sa mère et s'approcha de l'accueil au point de coller son torse contre le comptoir. Il souffla lentement avec quelques saccades avant de retrousser la manche de son bras droit avec maladresse. Il posa son bras nu sur le comptoir, l'autre main posé dans le creux du coude et dit sur un ton décidé avec une once de terreur dans la gorge :
" Je suis prêt. Je suis prêt à donner mon sang pour sauver Jonathan. "

Pendant un instant, il regretta sa décision. Mais il fallait accepter ce sacrifice pour le bien de son idole. Il essaya de garder son calme et de ne pas vaciller, mais il ne pouvait guère se contrôler : cela se voyait aux secousses de ses mains.

[HJ : Désolé du temps de réponse, jamais eu autant de boulot à la fac Q_Q je vais faire un accéléré pour que John ait enfin autre chose à dire que ''fait dodoooo dans le petit bloooooc fais dodo, moi j'ai rien à dire !'' xD + Il se peut que je dise quelques inepties, je dormais pendant mes cours de biologie et tout... + La réponse est pas terrible du tout, mais j'avais une grosse panne d'inspi et je devais répondre ^^"]

Si la nunuche de l'accueil avait tenté de calmer un peu Declan, cela était passé inaperçu. Puis de toute façon, elle avait mieux à faire et ce mieux... c'était de contacter le médecin pour lui dire qu'ils avaient enfin quelqu'un de compatible. Si les groupes sanguin O était sois-disant les plus répandue dans la société – ahem – ils étaient aussi ceux que l'on trouvait paradoxalement le moins lors de don. Il y avait une flopée de A, de B... mais le reste... autant demander à un cheval de faire des claquettes !

Enfin de fait, les événements semblèrent enfin s'accélérer et se décanter. Certains médecins affirmaient qu'ils n'avaient jamais le temps d'aller vite, qu'il y avait des procédures à suivre etc... étrangement pourtant, cette fois les procédures allèrent vite, entre le prélèvement, les quelques test obligatoire – bah oui, ils n'allaient pas lui injecter du sang possiblement malade – et il ne restait que l'attente ensuite – avec un bon gâteau bien sucré pour que Phoenix ne collapse pas après cette épreuve.

Attente de plus ou moins... enfin je ne saurais dire, enfin dans tout les cas, au bout d'un moment une momie... euh que dis-je... un Lyzander en kit était finalement amené dans une chambre. On pourrait le surnommé monsieur Bandelette oui, bon il avait aussi le matos habituel, à savoir le plâtre et il avait été bien moins pâle par le passé. Franchement sans cet appareil affirmant que oui, il respirait bien et son cœur était en plein rallye, on pourrait avoir quelques doutes sur sa vie.

Enfin dans tout cela, un homme en tenue de chirurgien – qui avait quand même eu l'intelligence de se changer, parce que se balader avec du sang partout, ça aide pas à faire croire que tout va bien – allait vers les deux hommes que l'on lui désignait comme étant les proches de Jonathan Mitchell.

Et là attention les enfants... la bombe du siècle allait être lâchée – bon peut-être pas du siècle, mais au moins de la décennie – alors que les trois hommes : Declan, Phoenix et Docteur Maboul, se retrouvaient dans le même coin de la salle d'attente.

« Cette nuit sera déterminante mais normalement, monsieur Mitchell est hors de danger, le principal soucis avait été la perte de sang, ce qui a été réglé. Il est rare que les membres d'une même fratrie ait le même groupe quand ils n'ont qu'un parent commun mais... nous avons eu de la chance. »

Oui oui, pied dans le plat lalalallaaaaaaaaaa !

Une infirmière indiqua à Phoenix de la suivre, empoignant doucement la main du jeune aveugle pour la gentiment tirer vers elle. Sa mère voulait le suivre mais l'infirmière lui dit que non, que cela pourrait la choquer, elle qui était très forte et faisait tout pour rendre son fiston heureux et à l'aise dans sa peau malgré son handicap. Elle en fut scandalisée. Phoenix se tourna d'un air inquiet et geint : " Maman ? "
" Vas-y mon chéri, je te suis. " lui mentit sa mère, ne voulant pas l'effrayer encore plus.
Phoenix hocha la tête en souriant nerveusement et entra dans la salle où il allait devoir passer quelques tests médicaux.

La prise de sang fut atroce pour Phoenix. Forcé à s'installer sur une sorte de long siège, la seule pensée qui lui chamboulait l'esprit était la fuite. Il regrettait d'avoir fait le malin lorsqu'il avait relevé la manche de son pull à la réception. Il appela sa mère mais n'entendit pas de réponse. Haletant, il essaya de faire ce que sa mère lui avait dit de faire pour ne pas penser à la douleur : penser à Jonathan. C'est ce qu'il fit, essayant tant bien que mal à se remémorer de sa douce musique jouée sur des cordes de guitare acoustique, malgré l'infirmière qui lui disait " Ça va piquer un peu mais ça ira très vite. "
L'ignoble pénétration de l'aiguille dans ses veines lui parut interminable. Il tâta une autre infirmière de sa main libre, désirant prendre la main de sa mère le temps que ça passe. La jeune femme regarda le pauvre patient avec compassion, comprit ses gestes et décida de justement le calmer en lui serrant la main. Phoenix connaissait trop bien l'aspect des mains de sa mère au toucher mais il était trop préoccupé à serrer les dents et cette main si douce apparaissant tel un cadeau du ciel pour l'aider à surmonter cette épreuve.
Les médecins décidèrent ensuite à prélever une plus grande quantité de sang après qu'ils en est déduit que celui-ci était en bonne santé. Phoenix se sentit comme vampirisé par ce prélèvement plus important (ce qui fut le cas, en même temps...). Il croyait même sentir sa vie s'échapper de son corps. Sa tête pencha lourdement sur le côté, les paupières à moitié fermées, la bouche entrouverte et le teint livide. L'infirmière claqua des doigts vers ses yeux et ses oreilles.
" Tenez monsieur Townshend, ça vous évitera de vous évanouir. " dit-elle avant de présenter une part de gâteau au jeune aveugle qui l'ignorait.

Cette même infirmière tenait les rênes, enfin les poignées, d'une chaise roulante contenant un Phoenix grignotant machinalement la friandise, qui était certes un peu dégueulasse dû au taux de sucre contenu à l'intérieur, mais elle avait le pouvoir de redonner des couleurs à ses joues. Il se sentait revivre, malgré le choc et la frayeur qu'il avait eu lors de la prise de sang. Sa mère, qui le regardait 'de loin', portait ses mains à sa bouche, soudainement choqué et attristé par son visage blafard.
Une fois qu'il ait rejoint Declan, un chirurgien (qui s'est visiblement changé) rejoint le binôme pour établir un petit compte-rendu. Phoenix eut petit à petit de l'attention sur ce que cet homme disait jusqu'à ce qu'il acheva par cette phrase :

" Il est rare que les membres d'une même fratrie ait le même groupe quand ils n'ont qu'un parent commun mais... nous avons eu de la chance. "

Phoenix pencha la tête sur le côté d'un air interrogatif. Il ne comprit pas encore la phrase. Sentant une tension bouillonnante lui monter à la tête, il tourna frénétiquement la roulette de son sonotone pour augmenter le volume au maximum et s'entendit dire d'une voix forte et surprise :
" Attendez attendez attendez, vous venez de dire quoi, là ?! "
Il se tourna dans le but de regardez sa mère qui était à quelques mètres de décalage et lui cria :
" Maman ! Ils disent que j'ai le même groupe avec un membre d'une même fratrie que moi alors qu'on a qu'un parent commun, ça veut dire quoi ? "

Lorsque sa mère entendit tout cela, elle posa une main sur sa poitrine, eut des yeux ronds comme des assiettes et avala difficilement sa salive. Elle manqua de tomber dans les pommes lorsqu'un concierge qui lavait par terre eut le temps de la rattraper après avoir lâché la serpillère. Phoenix sursauta et 'regarda' partout autour de lui, demandant ce qu'était ce bruit. L'infirmière qui guidait son fauteuil roulant posa une main rassurante sur son épaule et tenta de calmer le jeune homme. Lorsque ceci fut fait, elle lui dit :

" Ça veut dire que vous et monsieur Mitchell êtes frères. Demi-frères plus précisément. Vous ne le saviez pas ?? "

Phoenix resta bouche bée, incapable de répondre par un secouement de tête. Il venait à peine de reprendre ses esprits grâce à cette part de gâteau et il entendit soudainement cette nouvelle ?? Il ne savait pas comment réagir, son cerveau venait d'avoir une trop grande surcharge électrique.

D'ici à ce que Jonathan soit amené dans sa chambre – plusieurs heures durant lesquels ils le surveillèrent dans la salle de réveil – Phoenix avait sans doute eu le temps de se calmer et de patienter dans la chambre où l'on lui avait dit que John serait emmené par la suite.

Quand l'heure venait enfin, le jeune homme avait l'impression que plusieurs semi-remorques lui étaient passés dessus. Sa tête le lançait horriblement, il comprenait soudain pourquoi le Maître dans Doctor Who avait pété un plomb, l'impression d'un tambour dans le crâne était horrible. Sa hanche ? N'en parlons pas ! Il était bon pour, quand l'âge viendra, être un petit vieux avec une magnifique prothèse dont il expliquerait fièrement l'opération à ses petits enfants... s'il avait eu envie d'avoir des rejetons bien entendu ! Bras gauche dans le plâtre, jambes gauche et droite immobilisées. Apparemment le choc avait été rude et s'il voulait récupérer correctement, John allait devoir prendre son mal en patience et suivre les séances de rééducation qui lui seront imposées.

Quand il fût dans sa chambre et que le médecin l'ait fait savoir à son visiteur, John dormait encore quelques bonnes heures avant d'ouvrir les yeux et regarder autour de lui avec confusion. Pourquoi est-ce qu'il voyait tout en blanc ? Puis qu'est-ce que c'était que ce « bip » agaçant ? Declan ne pouvait pas couper son abrutit de réveil le matin ? Non franchement... il ne bossait pas ce matin lui ! Et de fait... il ne voulait pas se lever aussi tôt que cela...

Quand sa vue redevenait normale – autrement dit il ne voyait plus tout en quatre fois – John constatait en plus que ¨ce garçon absolument adorable du bar – Phoenix s'il se souvenait bien – était présent et avec lui une femme. Bon là... il n'était ni chez lui, ni chez son blond. Ou alors il avait manqué un épisode et ce dernier avait une colocation avec ces deux personnes. Non, pas possible.. sinon il aurait été au courant. Donc.. le bip n'était pas un réveil et maintenant que sa vue était claire, il était à l'hôpital. Oula oui, l'odeur qu'il détestait venait de lui arriver aussi en plein visage et... beurk.. ça sentait vraiment pas bon.

Comme toute personne normale, Jonathan tentait alors de se redresser un peu et aussitôt, la douleur se rappela un son bon souvenir. Bon sang... ça faisait un mal de chien... et le grognement peu viril qui lui échappait n'était qu'une preuve de plus de ce fait.

« Putain.... qu'est-ce que je fou là... ? »

Il avait à peine d'ici cela qu'une infirmière entrait et semblait soulagée de le voir enfin réveillé. John lui... il tirait la tronche. Il connaissait cette femme, elle l'avait employé pour donner des cours à sa gamine et l'avait ensuite renvoyé comme un malpropre. Depuis, il était plus difficile de gagner de quoi payer son loyer. Donc résumons... il avait la tronche bien amoché à cause de son accident et en plus il faisait la tête d'un type ayant avalé du citron en voyant l'infirmière, il devait être MA-GNI-FI-QUE !

La mère de Phoenix suivait son fiston -encore abasourdi par la nouvelle- qui se laisser guider par l'infirmière aux guidon de sa chaise roulante en direction de la salle de réveil où se trouvait Jonathan. Sur le chemin, Phoenix secoua la tête et retrouva ses esprits. Il appela sa mère et l'indiqua de venir près de lui. Elle lui répondit qu'elle ne cessait de le suivre mais le jeune aveugle insista. Sa mère maintenant aux côtés de son fils, ce dernier lui dit :

" Nom d'un chien, je n'arrive pas le croire. Je suis le demi-frère d'un guitariste de talent ! Je ne sais comment réagir... C'est putain d'excitant ! "

Sa mère fut ravi de revoir son fils joyeux mais elle le gronda doucement sur ses jurons. Il ne faut pas déranger les résidents de l'hôpital, enfin.

Les jambes de Phoenix cessèrent de frétiller au moment où son fauteuil s'arrêta de rouler. Les voilà arrivés.
" Je reviendrai lorsque monsieur Mitchell sera réveillé, monsieur et madame Townshend. " dit l'infirmière avant de quitter la salle de réveil.
Phoenix se demanda comment pourrait-elle savoir à quel moment Jonathan se tirera des bras de Morphée mais il oublia vite cette interrogation.
Il eut un grand silence dans la salle. Seul le bip bip du moniteur cardiaque résonnait dans la pièce. Phoenix l'entendait à peine mais la peur que suscitait cette machine ne l'empêchait pas de l'envahir. Le regard rivé sur un point inexistant et l'air triste, le jeune aveugle rompit le silence :

" Comment il est ? "
Sa mère mit quelques secondes avant de répondre : " Il est très amoché... " puis, comme pour rattraper cette vilaine franchise, " ...mais ne t'inquiète pas, ils l'ont très bien soigné. Je suis sûre qu'il ira bien. "

Phoenix voulut verser une petite larme remplie de rage envers cette consolation qu'il ne voulait pas entendre, mais le grincement du lit suivi d'un gémissement plaintif l'en empêchait. Lui et sa mère penchèrent en avant et élargirent leurs yeux de surprise en même temps.

" Jon...?? " dit Phoenix d'une voix pleine d'espoir.
" Putain.... qu'est-ce que je fous là... ? " furent les premiers mots du jeune brun bandé de partout.

Phoenix afficha un sourire carnassier, jubilant de la résurrection de son idole. Il dit vite, les poings serrés :
" Jonathan ! Tu ne le croiras jamais, je viens d'apprendre une incroyable nouvelle ! Toi et moi sommes demi-frères ! Je vais pouvoir t'entendre jouer tous les jours, youpi ! "
Il se mit ensuite à gigoter sur sa chaise roulante mais s'arrêta au contact de la main de sa mère sur son genou, cette bonne vieille maman qui lui dit après qu'il ait tourné la tête vers elle :
" Attends encore un peu, fils. Il ne peut pas saisir tout ce que tu dis pour l'instant, il est encore à moitié endormi. "
" J'en ai marre d'attendre " répondit Phoenix boudeur, " c'est trop fort comme scoop, il faut qu'il le sache ! "

Il tourna la tête vers ce qu'il pense être l'emplacement du lit de Jonathan et lui dit avant de rire : " En fait, tu t'appelles pas Jonathan Mitchell mais Jonathan Townshend, ha ha ha ! "
Sa mère secoua doucement la tête, l'air mélancolique. Pauvre Phoenix ne savait pas encore que le père Townshend n'était en fait que le second mari de madame.

L'esprit de Jonathan était quelque part entre le mode radar et le WTF total. Il avait trop d'informations à enregistrer pour seulement avoir les idées cohérentes, d'un côté, il avait cette infirmière insupportable qui lui demandait s'il avait mal – non non, il se sentait même capable de danser un tango endiablé avec elle – et aussi les dernières choses dont il se souvenait. Ce à quoi il avait répondu – en toute ironie – qu'il se rappelait très bien d'un grand BOUM quand il avait été embrasser langoureusement la voiture s'étend éprise de lui.

Comment il pouvait être aussi sarcastique dès le réveil ? Première : il était Jonathan Mitchell. Deuxièmement : il n'aimait pas l'infirmière. Troisièmement : la question était tellement stupide qu'il aurait fallut qu'il soit muet pour ne pas rétorquer ce genre de chose.

Puis il avait cru entendre Phoenix lui parler de quelque chose avec un air excité, son cerveau avait entendu quelque chose comme « jouer tous les jours », « Jonathan Mitchell », « Townshend ».. enfin en bref, il n'avait strictement rien compris mais de toute évidence, c'était vraiment cool pour susciter ainsi l'excitation du jeune infirme. Il y avait en effet d'un côté, un infirme, de l'autre... Un John en kit !

Malgré cette incompréhension totale, Jonathan avait alors esquissé un sourire en tournant la tête vers ses visiteurs – profitant en même temps du départ de l'infirmière – pour reprendre la parole et tenter d'avoir l'air enjoué.

« Ce que tu as dis a l'air super Phoenix mais... je n'ai absolument rien compris de ce que tu as dis. J'ai un cerveau lent... » expliquait le brun, avant de pouffer de rire à cause d'un jeu de mot qu'il venait d'entendre de sa propre bouche. « T'as compris, cerveau lent, cerf-volant ! C'est drôle hein ?! »

Ahem... de toute évidence, il devait encore avoir dans le sang quelque anti-douleur, ou en tout cas un truc qui le faisait rire pour un rien. Ce n'était vraiment pas le moment pour rire pourtant, mais que voulez-vous, les produits des hôpitaux sont parfois très puissants.

Tiens maintenant qu'il y pensait, comment Phoenix avait été prévenu ? Non parce que ok, il devait le voir aujourd'hui – sauf erreur de sa part, il n'était plus sur de rien – mais la personne à prévenir en cas d'urgence était Declan, alors pourquoi le jeune Townshend était-il ici ? Pas qu'il s'en plaigne hein, ce gars était franchement sympathique, même s'il avait une manie à le mettre sur un piédestal. Seulement il était fort surpris de cette présence auprès de lui.