Il y a des jours où tout va bien. Où on est content de se lever. Qu'on se dit que ça sera une bonne journée. Qu'on arrêtera tout un tas de criminels qui sont une nuisance pour la belle vie de Leeds. Généralement, quand Charleen se levait, elle était dans cet état d'esprit, les matins. Elle se levait tranquillement. Elle passait par la case salle de bain histoire de voir si ses cheveux étaient en pétard, ou non. Elle faisait un détour rapidement par la cuisine, afin de se préparer un café et de manger un petit bout. Tantôt, si elle se levait plus tôt que d'habitude, elle en profitait pour aller courir un peu, histoire de se mettre en forme. Et dans le cas où c'était un réveil tardif, et bien, elle se contentait de filer prendre sa douche et de partir au boulot. Ni plus. Ni moins. Seulement, depuis quelques semaines, rien n'était plus pareil. Carson avait ... disparu. Enfin, disparu n'était peut-être pas le bon mot. Quoi que ... Il était aux abonnés absents. Pas de mail. Pas de sms. Pas de coup de téléphone. Elle avait bien demandé à ses superviseurs où il était passé. Mais on n'avait su lui répondre. Elle s'était mise à penser qu'il était, encore, sur une mission d'infiltration. D'où le silence radio. Il ne devait pas avoir le temps ou peut-être qu'il n'avait pas envie de foutre en l'air sa couverture. Charleen n'en savait trop rien. Mais tout ce qu'elle aurait aimé, c'était avoir un signe de vie. Même un petit sms qui lui aurait demandé de ne pas s'inquiéter, ça lui aurait suffi. Mais elle n'avait rien. Et ça ne lui plaisait pas. Elle avait peur qu'il se soit fait descendre. Tout comme elle avait peur qu'il se soit réveillé, finalement, après tant d'années et qu'il se dise qu'elle n'était pas la femme qu'il lui fallait. Ouais, bon, vous l'aurez compris, en ce moment, Charleen était un peu en mode parano. Et elle n'aimait pas.

Que Carson ne soit pas là, passe encore. Mais le pire dans tout ça, c'était qu'elle avait perdu, momentanément, elle l'espérait, son coéquipier. Ce qui voulait dire ... Et bien, qu'elle était obligée de bosser avec quelqu'un. Oh, pas tout le temps. Mais ça la gonflait. Et rester derrière un bureau, très peu pour elle. Alors, c'était soit elle acceptait de bosser avec quelqu'un qu'elle n'appréciait pas tant que cela à dire vrai. Soit elle restait son cul sur la chaise et elle s'ennuyait à longueur de journée. Et entre les deux, Charleen avait préféré l'option coéquipier désagréable. Non pas qu'elle détestait Reese. Mais disons que ça passait pas très bien entre eux. Fallait l'avouer. Elle avait son fichu caractère. Et Reese le sien. Seul Carson avait réussi à la dompter, si on pouvait dire ça comme ça. Et Reese ... Et bien, il lui tapait sur le système. Et quand elle bossait avec lui, elle était grognon, elle avait l'impression de ne pas faire son boulot correctement. Et c'était pénible. Très pénible.

Pour preuve qu'une fois encore ça avait foiré, ils étaient tous les deux sur une affaire. Et ça avait mal tourné. Ils n'avaient pas pu serrer les criminels qu'ils avaient voulu et ces derniers avaient pris la fuite. Mais ce n'était que partie remise. Du moins, Charleen l'espérait. Elle avait secoué la tête et avait porté une main au niveau de sa tête. Tandis qu'elle se rapprochait de leur véhicule d'intervention, elle ôta son gilet par balle. Cette journée ne pouvait pas être plus merdique. "Fait chier !" Elle grognait un peu toute seule. Reese ne devait pas être bien loin. Et lui aussi devait grogner dans sa barbe mais bon. "Ces enfoirés ont dû être prévenus." Elle parlait plus pour elle-même que pour Reese. Oui, oui, elle n'arrêtait pas de pester. Et sans doute qu'elle ferait cela jusqu'à ... Et bien, jusqu'à ce qu'elle récupère son coéquipier. Et ça, c'était pas demain la veille, bien malheureusement. "Bordel de ..." Elle poussa un soupir. Elle ouvrit le coffre et elle jeta, dans ce dernier, son gilet qui ne lui servait plus à grand chose. La journée ne pouvait pas être pire. Et encore, Reese allait encore, sans doute, lui taper sur le système, lui balancer des vannes complètement nulles ... Ouais. Nul doute qu'elle aurait mieux fait de rester couchée.

you're a jerk as much as I am

« Aujourd'hui Hyde, tu fais équipe avec Siobhàn. Si cette fois ça se passe mal, je te jure que j'en prends un pour frapper l'autre ! » Faut le dire clairement. C'est les mots les plus désagréables à entendre qui soient de bon matin. Arriver à la station de police et être accueillit de la sorte, c'est un peu comme t'annoncer qu'on va t'arracher les ongles un à un. Long, douloureux, insupportable. Enfin, travailler avec Charleen n'était pas si douloureux, mais la supporter, si. Tout était relatif dans un sens. Comme un bon flic j'avais acquiescé docilement avant de rejoindre ma si charmante partenaire. Ça ne sentait pas la bonne journée et parfois, sa tronche de dix mètres de long me donnait réellement envie de lui pourrir la vie un peu plus. Qu'elle ait une raison de marmonner des injures à mon encontre en fait. J'étais pas responsable moi, si son partenaire s'était fait la malle. Cela faisait un sacré moment que je ne l'avais pas croisé maintenant que j'y pensais, et je dois dire que n'ayant pas d'atomes crochus, ça m'importait assez peu. Sauf que la brune ne devait pas s'attendre à ce que je sois comme Carson, non de non. J'en faisais qu'à ma tête et donnait les ordres, quand je bossais en duo ça marchait ainsi. Cela pouvait paraître égocentrique, prétentieux, mais je la fermais. Personne n'avait envie de savoir que j'avais plus de connaissances en criminalité qu'ils n'en auraient jamais. Je commençais à connaître les moindres ficelles de l'art qu'était fuir et se cacher, que ce soit pour de vrais sales types, ou juste des petites racailles des bas quartiers. De toute manière, j'avais toujours raison. Les plus honnêtes le reconnaissaient.
Le hic, c'est que ce ne fut pas la bonne pêche ce jour là. On était extrêmement bien renseignés, et il ne nous restait plus qu'à cueillir les criminels. Mais arrivés sur place, il n'y avait personne. Après avoir fouillé les lieux, il fallut se faire à l'évidence que ce n'était même pas une embuscade. Il n'y avait quasiment plus de traces de leur passage. Notre supérieur allait être ravi de savoir qu'on avait foiré, bien que ça ne soit pas notre faute. Refermé sur moi-même et grandement agacé par cette perte de temps. Sur les talons de Charleen, je l'entendais distinctement pester. L'entendre le faire m'agaçait encore plus. Elle pouvait pas faire comme moi et râler en silence ? Je levais les yeux au ciel. « Non, tu penses vraiment ? » Bien sûr qu'ils avaient été prévenus. Ils n'auraient pas quitté leur planque exprès juste quelques heures avant notre intervention. Deux solutions au final. Soit nous avions été repéré pendant nos repérages, soit on avait une taupe dans l'équipe. Si c'était la deuxième option, je me portais volontaire pour fouiller et trouver ce connard, mais très sincèrement, la seule personne louche dans les flics de Leeds, c'était moi. « T'es vulgaire Siobhàn, peut-être que Carson trouve ça excitant, mais personnellement j'ai l'impression de faire équipe avec une charretière. » Je m'adossais à le voiture en enlevant à mon tour le gilet par-balle. Ce truc qui ne m'avait jamais réellement servi. Je restais silencieux trois secondes. « J'te charge d'annoncer au boss qu'on les a perdu ! Ils ont pas du fuir très loin de toute façon. » Je haussais les épaules. On pouvait repartir à la chasse aux méchants maintenant ou pas, ça m'était égal. On les aurait ces cons.

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Reese ? Il lui tapait sur le système. A longueur de journée. Honnêtement, faire équipe avec lui ... c'était pire qu'une plaie. Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'ils n'avaient aucun point en commun. Seulement, ils avaient de nombreux atomes crochus. Et ça ne passait pas. Est-ce que ça s'arrangerait un jour ? A dire vrai, Charleen en doutait. Dans le sens où qu'importe ce qu'elle pouvait dire, ou bien faire, ça ne plaisait jamais à Reese. Et l'inverse était tout aussi vrai. Ils avaient des caractères ... diamétralement opposés. Oui, elle le savait. Faudrait qu'elle fasse quelques concessions. Faudrait qu'elle arrive à passer outre. Et à faire comme si rien ne l'affectait. Seulement, c'était loin d'être le cas. Peut-être que si Carson était dans les parages, ça se passerait bien mieux. Oui, ça irait mieux. Parce qu'elle ne serait pas obligée de supporter Reese et de faire équipe avec ce type qui l'énervait au plus haut point.

Charleen s'en était retournée à la voiture. Tout comme Reese d'ailleurs. L'un comme l'autre était en train d'enlever leur gilet pare balle. Elle grognait. Elle râlait. C'était pas dans ses habitudes. Seulement, y'avait des trucs qui l'énervaient au plus haut point. Et faire équipe avec Reese n'aidait pas vraiment. "Hé alors ? Si ça te plaît pas, fallait pas t'empresser d'accepter qu'on bosse ensemble sur cette affaire." Elle savait que c'était totalement faux. Il avait dû faire des pieds et des mains, comme elle, pour ne pas avoir à être sur cette affaire avec elle. Pourquoi diable n'avait-elle pas prétexté un entretien avec un de ses indics ? Ou un truc dans le genre ? Elle y avait bien pensé, le truc, c'était qu'elle n'avait pas assez bien préparé son mensonge. Et qu'elle était sûre et certaine que ça passerait pas. "Sérieusement, c'est plus intéressant de faire de la paperasse que de bosser avec toi." Elle se voulait peut-être blessante. Mais elle savait que réciproque. Elle savait que Reese devait penser plus ou moins les mêmes choses qu'elle. Ils ne s'entendaient pas. C'était un fait. Seulement, ils avaient les mêmes avis sur certains sujets. Comme maintenant.

Elle passa une main dans ses cheveux et soupira. Encore une fois. Cette affaire ... C'était ... du grand n'importe quoi. Enfin, comment ils avaient été prévenus ? Est-ce que les deux agents avaient fait quelque chose de mal ? Pas correctement ? Charleen n'en savait rien. La seule chose dont elle était certaine, c'était que ça avait foiré. "Et puis quoi encore ? J'suis pas ton larbin. Si tu penses que le boss a besoin d'être au courant, tu plonges la main dans ta poche et t'attrapes ton téléphone." Combien de fois il lui avait donné des ordres ! Et combien de fois elle avait refusé de faire ce qu'il venait de lui dire. C'était pas la première fois. Et ça ne serait pas la dernière fois non plus. "De toute manière, je sais pas pour toi. Mais j'compte pas rentrer au poste avant d'avoir mis la mains sur ces types." Le ton était donné. Après, Reese faisait ce qu'il voulait. S'il souhaitait rentrer et s'en retourner au bureau, se croiser les doigts et se faire passer une charge, libre à lui de le faire. Mais non, ce n'était pas ce que Charleen allait faire.

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Généralement, nous nous engueulions avec Charleen seulement une fois rentré au poste, l'affaire dans le sac. Avant, on considérait que cela nuirait à notre mission. Pendant, cela ferait juste une excellente diversion pour que les sales types se barrent. Donc vraiment, se disputer après le travail, c'était le meilleur compromis que nous puissions avoir. Sauf qu'il y avait des variantes, comme l'échec. La situation face à laquelle on se trouvait. Je détestais les changements de programme depuis toujours ; dans ma tête, tout devait se passer tel que je l'avais prévu. Alors forcément, que la mauvaise frappe ait fuit avant notre arrivée, ça avait de quoi s'agacer. Pourtant, hurler ne servirait pas à grand chose. Il fallait aviser et rebondir sur l'échec. Mais il semblait que la brune ne voie pas les choses comme ça, car elle était en train de pester comme une charretière. Comment rester impassible face à ça ? La voir sortir de ses gonds, c'était tellement jouissif comme activité. C'était une sanguine la Charleen... Un rien, et elle partait au quart de tour. Je doutais que Carson ait été son seul partenaire dans sa carrière alors la question ultime, c'était de savoir comment les autres avaient pu la supporter. Pour quelques mission de ci de là, je pouvais tenir. Mais imaginer passer mes journées avec une fille pareille, quelle horreur. J'imaginais qu'à la longue, j'aurais fait en sorte de la faire envoyer sur une affaire loin, très loin de moi. Et hors de question que je ne lui vienne en aide, ça non.
Enfin bon, heureusement pour moi, ce n'était qu'une affaire de quelques jours. Ou heures, si on se débrouillait bien. Je ricanais en la voyant s'offusquer du fait que je n'apprécie clairement pas sa compagnie. Elle était marrante. « C'est une affaire de trois fois rien, mais si tu t'y prends seule, tu la résoudras jamais... Je t'épargne la honte de ta vie, tu ferais mieux de me remercier ! » Quoique en attendant, on ne les tenait toujours pas. Ça ne saurait tarder, j'avais bien quelques idées d'où commencer à chercher. Avec l'aide de Meghan, ça irait vite. Je paraissais arrogant, mais c'était l'un des traits de caractère que je me permettais d'exprimer avec Charleen. J'avais plus d'expérience qu'elle n'en aurait jamais, je maintenais. « T'aurais été plus utile à la paperasse en plus. C'est pas faute d'avoir dit au boss de ne pas te mettre sur cette affaire. » Nouveau sourire glacial et hautain. Non, je ne l'avais pas dit à notre boss, tout simplement parce que je me devais de ne pas trop me faire remarquer. Mais j'aimais bien le faire croire à la brune, histoire de la voir bouillir.
Maintenant, nous n'avions plus dix mille solutions. Rester ici à se chamailler, rentrer au poste pour annoncer qu'on ne les tenait pas, ou passer la ville au peigne fin à deux en espérant avoir de la chance. Rien de bien productif. « Hors de question que je m'embête à faire le rapport de mission en rentrant, alors comme tu le sens. » Et je souriais encore, trop calme, trop méprisant, trop insupportable. Je détestais les papiers. Je les lisais, mais ne les rédigeais jamais. Jusqu'ici, j'avais toujours trouvé des solutions pour me défiler. « Si tu tiens vraiment à aller courir dans la ville sans savoir où les trouver, je te retiens pas. » On n'avait pas d'infos, rien. Autant chercher une aiguille dans une meule de foin. Je m'éloignais d'elle et sortis mon téléphone pour appeler Meghan. Qui décrocha au bout d'une sonnerie et demi. « Hey ma belle, j'aurais besoin de ton aide. On, enfin, Siobhàn et moi, sommes sur le terrain. Un entrepôt déserté de Hunslet. Nos hommes étaient là mais ont filé avant qu'on n'arrive. Tu penses pouvoir regarder du côté des caméras si tu n'as pas un indice d'où ils ont pu partir ? Rappelle moi si tu as du nouveau. Et on se voit après le service, j'ai envie de sortir manger dehors ce soir. » Je raccrochais en riant, rien qu'à imaginer la tête qu'elle avait du faire. Elle n'aimait pas que je demande sa compagnie sans lui laisser le choix, mais vu que c'était tout à fait innocent... Je retournais vers Charleen, les mains dans les poches. « Bon et sinon ton copain, il est passé où ? »

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Un punching-ball ! Voilà ce qu'il lui fallait ! Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'elle n'appréciait pas la compagnie de Reese. Mais y'avait des moments où il lui tapait, clairement, sur le système. Où elle aurait préféré avoir quelqu'un d'autre avec elle que lui. Il était intelligent, elle le savait. Il avait un peu plus d'expérience, du fait qu'il était rentré avant elle dans la police. Mais fallait pas non plus qu'il se prenne pour un dieu. Ou que sais-je encore. Il avait des faiblesses. Il était comme tout le monde. Il ne savait pas tout. Il était trop arrogant aussi. Des caractères tellement opposés qu'il ne pouvait y avoir que des atomes crochus entre eux. C'était terrible. Est-ce qu'un jour ils arriveraient à s'entendre sans ... Et bien, sans s'écharper ? Honnêtement, Charleen en doutait. Pourquoi ? Parce qu'elle aimait bien cette espèce d'opposition qu'il y avait entre eux. Oui, bon, peut-être qu'elle était un peu maso sur les bords et qu'elle aimait se faire fouetter, façon de parler, bien évidemment. Elle préférait avoir des échanges un peu houleux au lieu que son partenaire la ferme et subisse. Ca, c'était chiant. Trop chiant d'ailleurs. Avec Carson, y'avait de la répartie. Avec Reese, y'en avait aussi. Sauf que ça allait plus loin avec ce dernier. Mais passons.

"Te remercier ? Et puis quoi encore ? Tu voudrais pas que j't'offre des fleurs aussi ? Ou toutes mes plus plates excuses ?" Elle n'était pas indignée. Elle trouvait juste ça ... marrant qu'il cherche à ce qu'elle le remercie. "Le jour où je te remercierais, c'est quand tu me sauvera la vie d'un type qui chercherait à me flinguer ... Et encore, c'est pas gagné d'avance." Ou faudrait qu'il lui rende un grand service. Mais comme dit, c'était pas demain la veille que ça arriverait. Parce que Charly faisait attention à ses arrières. Ou elle essayait. Il était vrai que quand elle était avec Carson, elle s'était toujours sentie en sécurité. Parce qu'il était toujours là pour elle. Là, Charleen avait comme l'impression d'être ... orpheline, si on peut dire ça ainsi. Sans coéquipier sur qui elle pouvait compter. Elle n'irait pas jusqu'à dire que Reese la laisserait crever. Mais ... voilà ... Elle n'avait pas confiance en lui. Du moins, pas autant qu'avec Carson. En même temps, elle bossait avec lui depuis tellement d'années qu'elle savait qu'elle pouvait lui faire confiance. Qu'il serait là. Quoi qu'il arrive ... Sauf en ce moment où elle ne savait pas trop où il était. Et ça l'inquiétait. Terriblement. A qui en parler ? Sûrement pas à Reesse. Il comprendrait pas. Voilà pourquoi elle était peut-être autant rageuse en ce moment. "Mais tu sais, j'aurais été ravie d'être à la paperasse. J'aurais pas eu quelqu'un qui m'aboie dessus toutes les trente secondes." Et elle même n'aurait pas aboyé sur son partenaire toutes les trente secondes en réponse à ce dernier. Un rapport de force ... Encore et toujours. Ca en devenait même lassant à dire vrai. "C'est peut-être chiant la paperasse. Mais c'est mieux que d'être avec toi. Et je présume que tu es d'accord avec moi et que tu préferais travailler avec n'importe qui d'autre que moi." Un fait établi. Ils étaient peut-être bon dans ce qu'ils faisaient quand ils bossaient ensemble. Mais l'entente était loin d'être au beau fixe.

Reese comptait pas faire le rapport de mission en rentrant ... Comme s'il allait rentrer tout de suite ... Elle savait très bien qu'il allait rester dehors, tout comme elle, à chercher les criminels qui leur avaient glissé entre les doigts. "Tu sais, un jour, faudra bien que tu finisses par les écrire tes rapports." A croire qu'il savait pas écrire ... Enfin, taper sur un clavier d'ordinateur. Rien de bien sorcier, non ? Elle capitulait, d'une certaine manière. En temps normal, elle aurait continué sa joute verbale plus longtemps avec lui. Ca l'aurait même fait rire de l'agacer. Mais là, elle n'avait pas envie de rire. D'une parce qu'ils avaient foiré. Et de deux, parce qu'elle était inquiète pour Carson. La jeune femme laissa vagabonder son esprit durant quelques minutes. Avant de se concentrer, à nouveau, sur un Reese qui lui demandait où était passé Carson. "Si seulement j'le savais ..." lâcha-t-elle dans un long soupir ennuyé. C'était dans ces moments là où elle avait envie de craquer. De pêter un câble. De crier. De pleurer. Elle avait besoin d'un punching ball. Et d'une certaine manière, c'était ce que Reese était. Il ne le méritait pas. Parce qu'au fond, elle n'avait rien contre lui. Toute sa frustration, c'était ... Oui, Reese qui subissait. "J'en sais rien vois-tu. J'ai tenté de poser des questions. On m'a envoyé balader. J'ai tenté de le joindre à plusieurs reprises. Mais rien." Elle passa une main dans ses cheveux. Elle était ennuyée. "J'suis sûre que t'es en train de penser qu'il devait en avoir marre de moi ... Mais on se connaît depuis dix ans ... Et on a traversé tellement de choses ensemble que ..." Son ton était adouci par rapport au début de leur conversation. Elle était ... mélancolique. "On a toujours été là l'un pour l'autre ... jusqu'à maintenant ..." Où était-il ? Que faisait-il ? Pourquoi une telle absence ?