Keir avait passé une excellente soirée aujourd'hui. Entouré de personnes avec qui il avait parfois parlé, beaucoup de soda ou de jus de fruit – il ne buvait pas d'alcool – et n'avait jamais autant ris de sa vie. Bien entendu, toutes les bonnes choses ont une fin et c'est avec horreur que le jeune homme avait remarqué qu'il était... plus de trois heures du matin. Bon sang... s'il faisait le moindre bruit en rentrant, son père allait le tuer ! Durant tout le trajet du retour, à pied et dans ses pensées, le jeune homme avait réfléchi à tout les moyens possibles pour entrer sans bruit. La porte ? Non. Les clés dans la serrure le trahiraient. Le garage ? Il grinçait. Sa fenêtre ? Il avait oublié d'ouvrir le verrou avant de partir. Il ne restait donc qu'un moyen pour rentrer... la baie vitrée donnant du salon dans le jardin.

3h15 – Keir entrait dans le jardin, sautant le mur pour pousser la porte concernée. Comme toujours, cette dernière était entrouverte pour aérer la pièce. Personne ne prendrait le risque d'entrer sur la propriété, tout le monde voyait le père de cette étrange famille comme un homme sévère et de fait... la tranquillité régnait. Enfin... le quartier était de toute manière tranquille. Pas de cambriolage, pas de délinquance... tout était parfait.

3h17 – Il était sauvé, il était entré sans soucis. La nuit couvrait son méfait – oui, rentrer tard était un méfait pour lui – et le brun se préparait à traverser le salon pour monter dans sa chambre. Il respirait franchement mieux maintenant, enfin... jusqu'à ce qu'une fois la porte fermée, en se retournant. Là dans le fauteuil, une ombre... son père... la simple lueur dans son regard lui fit comprendre ce qu'il en était... il était fichu.

« Tu as passé une bonne soirée Keir ? »

Livide, rouge, livide encore... puis un enchaînement d'événements, de coups violents, d'injures, de cris, de meubles qui se brisaient quand Keir finissait dedans. Il n'y avait pas à dire, sa figure paternelle pétait les plombs. La jeune ''victime'' ne saurait dire combien de temps passait avant que des sirènes ne se fassent entendre dans la rue. Il l'ignorait alors mais... un voisin avait entendu ce qu'il s'était passé et avait appelé la police et les secours. La police pour violence, les secours... au cas où il y aurait un mort. Oui, ce voisin était très positif, il imaginait déjà un mort. Il pensait que le gamin – vu sa sois disant déficience mentale – avait eu un soudain accès de violence.

Et bien non, rien de tout cela et en entrant dans la demeure, les forces de l'ordre n'avait pas eu besoin de chercher longtemps avant de comprendre la vérité. Avec le fils par terre et le père debout, le poing couvert de sang... le tout tombait sous le sens.

Tandis que le coupable était emmené pour interrogatoire par la police, Keir lui était hissé dans l'ambulance qui le menait ensuite au Saint James Hospital, lieu qui se trouvait blindé ce soir là, sans doute une bagarre d'ivrognes, trop d'alcoolique en ville en cette soirée ? Enfin en tout cas... on finissait par oublier un Keir totalement perdu et apeuré dans ce couloir blindé, le visage tuméfié et blessé à plusieurs endroits.

Oupps:

À force de regarder autour de lui avec attention – sans doute dans le but de se détendre aussi – Keir avait finit par se plonger dans ses pensées. Pourquoi est-ce que tant de personnes aussi âbimées que lui – ou plus, ou moins – se trouvaient ici ? Pourquoi laissait-on ces même personnes ici ? Parqué comme des êtres sans intérêt alors qu'ils avaient besoin d'aide ? Tout cela le dépassait totalement jusqu'à ce qu'un homme s'approche de lui. Comment est-ce qu'il connaissait son nom ? Est-ce que c'était un policier, un espion... un ami de son père ?

Oula il devenait paranoïaque ! Enfin, qui ne le serait pas à sa place en même temps ? Concernant son identité, Keir avait été incapable de relâcher ne serait-ce qu'une parole. De fait, un simple signe de tête avait suffit pour qu'il salue brièvement cet inconnu, qui venait tout de même à se présenter. Donc c'était un docteur ? Bizarre... tous les autres portaient une espèce de blouse un peu trop blanche pour être honnêtes, oui trop blanc c'est malhonnête, lui au contraire ne portait rien de tout cela. En un sens, cette absence de blouse rassurait Keir. Il ne lui fallait pas trop d'inconnu à la fois. Au fait... pourquoi est-ce qu'il allait s'occuper de lui ? C'était quoi le but de cet endroit, à part attendre dans un couloir avec d'autres personnes ?

« Euh je... oui vous pouvez... mais, vous allez faire quoi exactement ? » demandait-il d'ailleurs. Normalement, il aurait tenté un sourire mais là, ce n'était pas le meilleur moment pour ce genre de signe amical. Ses blessures lui rappelaient douloureusement qu'il avait, sans vouloir être vulgaire, merdé sur ce coups là. Il l'avait bien cherché, malgré ce que disaient les personnes l'ayant emmené ici.

Une autre question le taraudait en gardant son regard fixé sur le médecin, maintenant qu'il le savait et tout en jouant nerveusement avec la couverture que l'on lui avait donné, le jeune homme demandait la dernière chose qui lui causait de l'inquiétude en ce moment, avant de se laisser examiner ou quoi que veuille cet individu.

« Est-ce que vous savez si mon père va être relâché vite ou pas ? Où est-ce que je vais aller après et euh... comment je vais vous payer ? Je n'ai pas d'argent du tout, du tout. »

Un véritable enfant en effet dans sa façon de s'exprimer et d'interroger sur les sujets qui sont importants pour lui. Qu'attendre en même temps, de la part d'un individu n'étant jamais allé plus loin que son jardin ? Enfin les rues autours aussi, et cette fois merveilleuse avec tous ses voisins.