L'art des rencontres

**ICI DEPUIS LE :** 25/02/2014 **MESSAGES :** 12 **PIÈCES :** 56

Clic clac, clic clac. Les cliquetis de la clé dans la serrure se fit résonner dans le couloir. Sajida la retira et la jeta dans la poche de son manteau. Elle jeta un coup d'oeil à sa montre. Le petit cadran électronique indiquait 10 heures tapantes. Comme à son habitude, elle était en temps et en heure. Elle descendit tranquillement les marches, vêtue de son élégant long trench bleu pastel et son foulard en satin bleu foncée avec des motifs floraux. La voisine du rez-de-chaussée tendit sa tête par l'entrebaillement de sa porte d'entrée, la regardant descendre avec un regard noir.

- Bonjour Madame Figgs ! dit joyeusement la jeune femme.

Celle-ci répondit aussitôt par un claquement de portes. Décidément, certains n'étaient pas très matinales.... Cependant, il en fallait peu pour froisser notre brune. Elle arrangea son sac à main sur son épaule et se dirigea vers la sortie de l'immeuble.

Dehors, il brillait un soleil radieux. Un soleil d'hiver bien entendu, mais en Angleterre on n'avait pas l'occasion de voir souvent l'éclat du jour, à cause de son fameux temps grisaille et pluvieux. C'était pour cette raison que lorsqu'un petit rayon pointait le bout de son nez, les gens en profitait pour passer leur journée à l'extérieur. La journée s'annonçait donc splendide pour elle. Cela signifiait qu'elle allait pouvoir se poser dans un parc et prendre de belles photos...
Elle longea la rue pour se rendre dans le parc le plus proche.

La française était quelqu'un qui avait beaucoup de classe et elle le savait, car beaucoup de passants se retournaient sur son passage pour la regarder lorsqu'elle marchait. Ses manteaux, ses tuniques, ses foulards, ses pantalons, ses chaussures et ses sacs... Elle les choisissait toujours avec soin. Par exemple aujourd'hui, elle avait assemblée une jolie et longe tunique bleu à longue manches, un peu court devant et long derrière, avec un jean droit noir, des bottines noires aussi à talons compensés, et un sac à main noir d'où elle y avait accroché des petits rubans bleus foncés en noeud papillons, ses gants noirs rafinés (il faisait beau, mais quand même froid). Sur la tête elle portait un beau foulard en satin dans les même tons, attaché de façon turque : c'est-à-dire que cela formait comme une "bosse" majestueuse à l'arrière de sa tête, ni grosse ni petite, et sous son foulard, elle portait un petit bandeau noir qui venait sur le haut de son front. la demoiselle ne négligeait aucun détail !

Aujourd'hui, elle n'allait pas se fatiguer à prendre le train et courir à l'autre bout de la ville pour de la verdure. Ce n'est pas qu'elle n'aimait pas la nature, mais le temps était changeant ici et la météo avait prévu une averse pour le début de l'après-midi. Alors elle préférait prendre tranquillement ses photos avant les premières gouttes. L'endroit le plus proche de chez elle, était le jardin de Nature Square.

En y rentrant, la jeune musulmane regarda autour d'elle un endroit calme et sympathique. Heureusement qu'il n'y avait pas trop de monde, mais il y avait quand même des enfants, ce qui rendait cet endroit bruyant... Elle s'éloigna des gens et trouva une sorte de pont entouré d'arbres, où il coulait en-dessous un ruisseau. Celui-ci était aussi cadrés de pierre, d'où il y avait des petites cascades qui en jissaient. Le paysage était très beau ! En plus, il n'y avait personne encore... Parfait. Sajida ne perdit pas de temps. Elle sortit son petit appareil de son sac, l'attacha autour de son cou avec la bandoulière spéciale et commença à prendre des photos. Elle prit en photo les cascades, les arbres, les oiseaux, les fleurs, des détails des pierres...

Quand soudain, elle sentit une présence derrière elle. La jeune fille se retourna et vit un homme non-loin. Il la fixait. Elle le regarda aussi, prenant soin de le dévisager de haut en bas. Puis, voyant qu'il ne semblait pas être une menace pour elle, elle lui sourit amicalement. Sans ajouter qu'une lueur venait de briller dans son regard... La brune venait d'avoir une idée. Eh si elle faisait de lui un personnage fictif en image, pour son prochain projet ? Il pourrait lui faire gagner une bonne appréciation de son superviseur...

Ce fut alors tout bonnement naturel qu'elle lui lança :
- Heyyy ! Ca te dirait de pauser sur les photos pour mon futur projet ? Mais ne t'inquiète pas, si tu n'aimes pas les photos, on te verra juste de dos...

Cinq, quatre, trois, deux, un... et c'était parti! La porte s'ouvrit doucement en grinçant. La pièce était encore noire mais dans quelques minutes, elle s'allumera... si je ne balayais pas le plancher en vitesse! J'entendais des pas s'approcher et je me précipitais vers la fenêtre, seule issue de secours, et marquai un temps d'arrêt avant de grimper pour pouvoir l'atteindre. Une minute de silence s'en suivit et lorsque la porte principale finit par s'ouvrir, je me redressais rapidement vers l'extérieur et eut à peine le temps de me mettre à courir que j'entendis :
"James, mince, tu as ENCORE oublié de fermer cette fichue fenêtre!"
- Mais pourtant je suis certain de l'avoir refermée hier! J'ai même vérifié trois fois!
"C'est que tu n'as pas été assez attentif! Et je te ferais dire que..."
Je n'eus le temps d'en entendre plus que j'étais déjà parti au loin. Pauvre James, je me sentais un peu coupable. Juste un peu.

A l'extérieur de la bibliothèque dans laquelle j'avais passé la nuit, le soleil brillait bien que l'air restait frais. Il y avait déjà du monde dans les rues et les gens étaient tous en route pour aller travailler. Parfait! La foule était comme un bon petit repas pour moi! Je me faufilai parmi les gens et fit semblant de me viander sur quelqu'un. La personne me demanda si tout allait bien et je la rassurai en m'excusant et en bafouillant vite fait quelque chose comme quoi j'avais perdu l'équilibre. Lorsqu'elle disparut, je me repris en sortant de ma poche la paquet de cigarettes que je venais de lui voler (parce que oui, les porte monnaie n'étaient pas toujours mon unique préoccupation voyez vous). En y jetant un coup d’œil à l'intérieur, je fus d'autant plus satisfait de ma pioche puisqu'il était presque plein. Il en manquait seulement deux.

Fier de moi, je décidai de m'installer tranquillement au soleil. Le parc se situait à quelques rues et je savais qu'à cet endroit, je serais tranquille. Je franchis le passage permettant d'entrer à l'intérieur et commençai à chercher un banc de libre. Ce n'était pas bien difficile, la plupart des gens travaillaient à cette heure ci, ce qui me permettait d'avoir le champs libre. Mais lorsque je m'approchai de l'un d'eux, je finis par changer d'avis, préférant finalement la pelouse. Elle n'était pas humide de toute manière, mais fraiche et je sentis le froids frôler la colonne vertébrale et me faire frissonner la peau. L'odeur de la nature s'éveillant était agréable, aussi j'aimais beaucoup me rendre par là pour des séances de méditation.

Je m'installai alors au sol, me servant d'une de mes vestes pour m'y asseoir dessus, croisais mes jambes et sortis une cigarette du paquet que je venais d'acquérir ainsi qu'un briquet que je trimballais sur moi depuis belle lurettes. Je pris la première inspiration, fermai les yeux pour me détendre et ne songeai plus à rien, si ce n'est que le bruit quotidien de la ville qui se faisait entendre. Mon esprit était apaisé, tout comme le reste de mon corps. J'étais aisé, beaucoup plus que n'importe qui sur cette planète.
Un bruit nouveau attira mon attention et j'ouvris les yeux pour pouvoir voir la source de ce soudain tumulte. Une jeune femme aux cheveux voilés se situait à quelques mètres devant moi mais elle ne semblait pas faire attention à moi. Elle était préoccupée. Un "clic" me fit comprendre qu'elle était en train de prendre des photos.
Je la regardais faire avec une pointe de curiosité dans les yeux. De toute façon, je n'avais pas autre chose à faire que de l'observer sans penser à rien. Je pris une nouvelle bouffée de cigarettes sans détacher mes yeux d'elle. Il fallait bien s'occuper, après tout.
Elle finit par se retourner, m'adressant tout d'abord un regard inquiet et je haussai les sourcils à la voir ainsi. Elle finit par sourire et j'en fis de même pour répondre à sa mimique.

- Heyyy ! Ca te dirait de pauser sur les photos pour mon futur projet ? Mais ne t'inquiète pas, si tu n'aimes pas les photos, on te verra juste de dos... finit-elle par dire.

J'ouvris grands les yeux, me retournant tout d'abord pour savoir si elle s'adressait à moi ou à quelqu'un d'autre qui pourrait passer derrière. Constatant que j'étais seul, je plaquai ma main contre le torse sans cacher mon expression étonnée :

"M... moi?"

Je ne savais pas trop quoi répondre. Oui, non? Je n'étais pas habitué à ce qu'on me fasse un telle proposition!

"Heu.. si j'accepte, qu'est ce qui se passera?"

Je passerais dans un journal? Magasine? Rien du tout? Ma méfiance était omniprésente, surtout de la part d'une personne strictement inconnue. D'autant plus que je n'étais pas vraiment connu pour être narcissique.

**ICI DEPUIS LE :** 25/02/2014 **MESSAGES :** 12 **PIÈCES :** 56

Sajida attendit la réaction du jeune homme. Pour toute réponse, celui-ci se retourna un instant, puis la regarda de nouveau, semblant se demander si elle s'adressait à lui ou à une personne derrière. Il eut un temps de réaction avant de répondre "moi ?", comme s'il s'attendait à ce qu'on lui fasse une blague. Elle élargit son sourire, en voyant ce genre de réaction et eut un léger rire qui se forma comme un soupire dans le silence. Il était vrai que ce n'était pas une façon d'aborder les gens, les anglais n'en était pas vraiment habitué. Pourtant c'étaient avec quelques uns parmi eux qu'elle avait appris à être directe avec les gens et avoir un franc-parler. En même temps, la jeune fille n'aurait jamais réussi ses anciens projets, si elle était toute timide et coincée...
Le jeune homme se méfiait d'elle, il lui demanda ce qu'il aurait en échange s'il acceptait. Du moins, ce fut ainsi qu'elle interpréta sa réponse.
Elle ne lui répondit pas toute suite. La demoiselle fouilla tout d'abord dans son sac, prit son porte-feuille, l'ouvrit, et en sortit sa carte d'étudiante. Elle rangea le porte-feuille dans son sac et ensuite s'avança vers lui. son sourire ne la quittant pas, elle s'accroupit près de lui en lui disant :

- Je me présente, je m'appelle Sajida Elhosseyni et je suis étudiante en Master de Cinéma et Photographie.

Elle lui présenta sa carte, où dessus on y voyait "Université de Leeds" inscrit avec son symbole et en-desssous, son prénom et son nom, accompagnée d'une photo de notre brune avec les traits plus jeune, toute aussi souriante qu'en vrai. Alors qu'il prit sa carte pour vérifier, elle prit soin de le dévisager d'un air confiant. Cheveux bruns un peu ébouriffiés, yeux bleu-gris, long nez droit, un visage fin et des oreilles décollées, qui lui donnaient un petit air malin et sournois... Malgré qu'il était allongé, elle devinait qu'il devait être grand et mince, grâce à ses vêtements. Sans parler de sa cigarette à la main qui reflétait le détail absolu... Il correspondait parfaitement à l'image du personnage qu'elle avait en tête pour son histoire...

- Je dois produire une fiction pour un projet, soit à partir de photos et en écrire l'histoire, ou soit en réalisant un court métrage. Alors je recherche des volontaires, car je ne sais pas encore si je vais écrire ou filmer, cela dépendra des gens que je trouve et de leurs motivations... L'idéale, ce serait que je fasse les deux : que je réalise un scénario avec des photos et un mini-film. Alors veux-tu m'aider à réaliser mon projet ? Es-tu à l'aise devant les caméras ? dit-elle de son ton confiant.

Il eut soudainement un silence et seul l'eau des cascades qui se jetaient dans le ruisseau faisait office de bruit. La scénette qui se déroulait entre les deux jeunes était digne d'un drama, avec le décor tout autour, la lumière du jour et les bruits de fond. Il ne manquait plus qu'une petite musique pour ajouter un effet mystérieux et hollywoodien à leur rencontre. N'importe qui, qui passerait par ici, pourrait penser que la française s'amusait à draguer le jeune homme en question. Son approche, ses regards doux, son sourire acceuillant... Pourtant ses intentions étaient purement sincères. Ses actes étaient loin d'être de la drague et libre à celui qui voulait l'interprêter comme il le souhaitait... Son approche n'était pas pour autant amical, mais il y avait quand même de l'intérêt... Celui du projet de son film. Si ce gars-là acceptait, ce n'était pas uniquement des félicitations et une bonne note qu'elle allait obtenir. Mais beaucoup plus...

Contenu sponsorisé ~ EARLY MORNING RAIN 2014 ~