You could read a million pages, know the words and all the phrases. You could try to turn a lie into the truth. You can live to be a hundred, memorizin' every number. You could even put a man on the moon, and the science of the heart is sometimes lost on me. But you're here with me, and that's all I need to know.

Leeds était une ville sympathique. Différente de Londres, certes, mais je m'y plaisais. J'avais été plus que réticente à quitter ma ville natale, sauf qu'il avait bien fallu s'y résoudre. Nous n'aurions plus eu la paix longtemps après que les rumeurs sur la vie que je menais avec mon fils se soient répandues. Je ne savais même pas qui était la personne qui avait compris ou vu, et qui avait parlé. De toute manière, à quoi cela nous aurait-il avancé ? Les gens ne comprenaient pas. Ils se prétendaient amoureux et heureux, mais nul doute que leur bonheur apparent n'arrivait pas à la cheville de celui que j'avais. Le fruit de mes entrailles était le meilleur homme qui soit sur terre. Au fil des mois, je ne voyais même plus où se trouvait le problème. L'inceste était tabou, mais forcément mal ? Pas plus que l'homosexualité selon moi. Dieu ne me tiendrait pas rigueur de l'idylle avec mon ange blond. J'étais bien fière de l'appartement que j'avais trouvé en centre-ville. Silencieux, lumineux, assez spacieux pour deux, j'étais tombée sous le charme rien qu'à voir les photos. Désormais, nous l'habitions. Les cartons étaient quasiment tous défaits et ceux qui ne l'étaient pas traînaient dans un coin. Je m'étais réservée cette journée pour achever de déballer le nécessaire pendant qu'Harlen était en cours. Il semblait bien s'intégrer au sein de sa nouvelle université, et je l'avais déjà vu avec quelques personnes de son âge. J'étais heureuse pour lui, même si dans un coin de mon esprit, une sonnette d'alarme me rappelait toujours que la principale personne qu'il était venu rejoindre était une réelle menace.
D'ailleurs, cette Joyce était venue toquer à la porte quelques jours avant. Toujours cette allure de peste, et toujours aussi désagréable à fréquenter. Je ne comprenais pas comment mon petit prince pouvait l'apprécier. C'était invraisemblable ; il valait tellement mieux qu'elle. Il y avait des tas de jeunes demoiselles très bien à fréquenter, qui ne tenteraient pas de me le voler. Il pouvait m'assurer autant qu'il voulait qu'il ne risquait rien avec celle qu'il considérait comme sa meilleure amie, je n'en croyais pas un traître mot. Oh, j'avais confiance en lui, bien évidemment. Mais pas en elle. Les filles de son genre sont sournoises, viles, elles se servent et jettent ensuite. Je m'étais fait un plaisir de l'envoyer sur les roses la petite Joyce. Les temps où elle était loin de mon fils me manquaient. Sûrement s'en était-elle plaint à Harlen, sauf que cela m'importait peu. J'étais sa mère, je savais ce qui était le mieux pour lui.
Quoiqu'il en soit, je venais d'achever la cuisson de quelques cookies. C'était une habitude que je n'avais pas perdue, de lui faire son goûter quand il rentrait de l'école. Enfin, de l'université pour aujourd'hui. Ce qu'il grandissait vite mon chéri. Il m'avait dit terminer les cours à 15h et ne pas travailler, je m'attendais donc à le voir passer le pas de la porte une petite dizaine de minutes après étant donné que nous habitions tout près. Mais non. Quand le bruit de la clé dans la serrure de la porte d'entrée se fit entendre, il était 17h passé. Je levais les yeux de mon roman et fronçais les sourcils. Il avait beau avoir 21 ans, je n'appréciais pas qu'il disparaisse sans prévenir. J'allais à sa rencontre, les mains sur les hanches. « Où tu étais mon chéri ? Tu m'avais dis que tu rentrerais tôt ! » Est-ce qu'il était encore avec cette Joyce ? Ou avec une autre fille... Bon dieu, j'espérais que non.