La journée allait toucher à sa fin. Je n'avais pas été très productif, je devais l'admettre. Passant mon temps assis contre un mur, je m'étais amusé à observer les gens qui passaient. Certains me laissaient une petite pièce, pourtant, je ne faisais pas la manche. Je n'avais mis aucun gobelet en plastique, aucun chapeaux ou autre objets susceptible de recueillir des pièces devant moi. Mais c'était sympa de leur part quand même!

Si j'étais à cet endroit précis, ce n'était pas un hasard. Non loin de l'université, je faisais attention à l'heure. Le regard fixant le cadran indiquant l'heure et les minutes, je n'attendais qu'une chose : la sortie des étudiants. Oh, bien entendu, il y en avait qui sortaient à à peu près toutes les heures, voir même demies heures. Mais je n'attendais pas n'importe qui. J’attendais UNE personne. Elle. Une fille dont je ne connaissais pas le prénom, ni rien d'autre d'ailleurs. Je savais seulement que, ce jour ci, dans quelques minutes elle sortirait pour pouvoir prendre une voiture qui l’emmènerait sans doute chez elle. Et chaque jour-ci de la semaine, je restais dans le coin pour pouvoir la regarder passer. C'était ma drogue. Mon brin de soleil de la semaine. A chaque fois que je la voyais, mon cœur battait à tout rompre et je me faisais tout un film, me vouant à des fantasmes aussi farfelus les uns que les autres. Je me voyais venir lui adresser la parole, prendre un verre, elle acceptait et nous passions la soirée ensemble et ce jusqu'à la fin des temps. Ouaip, mon petit Gael, tu rêves un peu trop! Mais lorsque l'on avait rien à perdre et qu'on était désespéré, les rêves étaient la seule chose qui nous restait.

La première fois que je l'avais vue, c'était effectivement dans le but d'aller faire de la pêche aux sous. Toute une fourmilière d'étudiant sortant au même moment, c'était forcément tentant. Mais lorsque mes yeux s'étaient braqués sur elle, j'avais fini par avoir d'autres priorités. Ne voulant pas prendre le risque de me faire démasquer sous ses yeux, j'avais finalement abandonner mon activité première pour la remplacer par celle de la regarder jusqu'à ce qu'elle disparaisse. J'en étais venu à guetter tous les jours jusqu'à pouvoir refaire son emploi du temps. Comme ça, je passais pour un fou, mais c'était devenu tellement essentiel pour moi, que je n'avais pas pu m'en empêcher. De toute manière, je n'avais jamais franchi le pas de venir lui adresser la parole et je ne pensais pas y arriver un jour. j'avais beau me déconnecter de la réalité à chaque jours que Dieu faisait, je n'étais tout de même pas naïf pour un sou : une fille comme elle n'avait rien à faire avec un type comme moi. Je ne parlais pas là d'une relation amoureuse ou quoique ce soit de ce genre. Juste qu'elle n'avait rien à faire avec moi, et ce dans n'importe quelle circonstances qu'il soit.

Lorsque le cadran afficha enfin l'heure prévue, je me relevais, empoignant les pièces que des gens avaient jetées et les fourraient dans mes poches. Puis je me réfugiais derrière un mur en attendant la vague sortir. Lorsque enfin, je la vis pointer le bout de son nez, je tressailli . Une petite musique tourna dans ma tête.. Chabada bada, comme le répétait mon cœur au fin fond de ma poitrine. Dans quelques minutes, elle disparaitrait. Dans quelques minutes, le temps reprendra son cours normal. Sauf que le temps décida de changer l'habitude quotidienne.

Je la vis prendre la même direction qu'à chaque fois et la suivit du regard sans me faire remarquer. Elle passa devant moi sans même me voir et quelques mètres plus loin, je vis un groupe de garçon s'approcher d'elle. Curieux, je me demandai si c'était chose normale ou pas. Je levai la tête en me posant un milliers de questions bien que la réponse n'allait pas tarder à se présenter...

La fin d'après midi était là, je la sentais arrivé et je n'en était pas mécontente à vrai dire. La journée avait été rude et les cours s'étaient enchaînés les uns aux autres sans me laisser le temps de souffler. La deuxième année était plus éprouvante que la première et la troisième serait sans doute pire, mais j'aimais les cours et j'apprenais tellement de choses qui me plaisait que je ne changerait pour rien au monde. J'avais voulue être là et je n'étais pas prête de m'en aller, je commençais vraiment à m'habituer à ma vie toute seule sans mes parents, même si parfois je me sentais un peu seul. Dans ces moments-là j'appelais des amies et je les invitaient à la maison pour des soirées pyjamas ou des sorties entres amies, bref je ne restais jamais bien longtemps toute seule.

Lorsque le cours fut terminé, je suis sortie parmi les premières, trop heureuse de pouvoir prendre l'air. Il fallait que j'appelle un taxi pour me ramener chez moi, je n'aime en effet pas tellement prendre le bus et rentrer à pied serait bien trop long. L'immeuble en soit où j'habitais n'était pas très loin, mais ça faisait une trotte à pied tout de même. J'avais sorti mon blackeberry de mon sac pour composer le  numéro de mon chauffeur, c'était toujours le même qui venait me chercher alors j'avais finis par prendre carrément son numéro, mais il m'informa qu'il serait en retard et du coup il me faudrait attendre un peu. Un groupe de garçon de mon âge était devant moi et j'avais le mauvaise impression qu'ils me regardaient. Je n'aimais vraiment pas ça. J'ai voulu les éviter pour ne pas devoir passer près d'eux, mais alors que je prenais un escalier à leur opposé ils s'en sont aperçut et deux d'entre eux sont venus vers moi nonchalamment et je commençait à me demander ce qu'ils me voulaient. Ils me demandèrent de les attendre tandis que j’accélérais. Ils étaient deux derrière moi et j’accélérais vraiment le pas alors qu'un autre arriva en face me prenant ainsi au piège. Il n'y avait plus vraiment d'autres étudiants dans les parages pas à cette heure la du moins. En tout cas je me suis retournée et j'ai marché vers les deux grands gaillards qui pendant que je passais en on profiter pour me voler mon sac.

"Hé! Rendez-moi ça tout de suite où j'appel mon avocat!"

Bon je ne sais pas si ça les ferait vraiment changer d'avis, je ne crois pas, mais c'est tout ce qui venu. Ils ont ris et se sont mis à courir. J'ai soupirer me demandant si je devais courir ou pas, je n'en avais pas très envie, mais je tenais à mon sac, après tout il était de grande marque et j'avais tous mes cours de la journée, heureusement mon téléphone était dans ma poche. Cela dit je me suis mise à courir criant après eux et surtout criant au voleur en espérant que ne fasse pas tout ça pour rien, mais je savais déjà que je n'arriverais jamais à les rattraper. Je n'ai jamais été grande sportif et les escaliers m'épuisent déjà.

Je devais l'admettre, lorsque je voyais un garçon l'accompagner, je devenais jaloux. Ce qui était ridicule, puisque je n'avais jamais osé me lancer pour lui parler. Je savais bien que lorsqu'on ne risquait rien, on n'obtenait rien, mais je tentais d'imaginer ce qu'il se passerait si j'y parvenais et les conséquences pouvaient être terrible. Ce serait me risquer à ne plus venir ici pour l'observer tous les jours (ou presque) et mon rayon de soleil serait éteint à jamais. Bien sûr, en sens inverse, je pourrais gagner plus gros. Mais... je tenais trop à ce que j'avais déjà. Dans la vie, il faut faire des choix et j'ai choisi celui là.

Ainsi, quand je vis ces deux gars s'approcher d'elle, je sentis mes joues s'enflammer en les enviant, pensant qu'ils étaient des connaissances à la jeune femme. Mais les choses prirent une autre tournure. Curieux, je m'étais rapproché discrètement pour observer la scène et me rendis compte que ces deux gars là n'avaient rien d'une connaissance. L'altercation semblait mal se passer. L'un d'eux prit son son sac et, par réflexe, je l'entendis dire :

"Hé! Rendez-moi ça tout de suite où j'appelle mon avocat!"

Faisant d'abord de grands yeux par la menace ainsi faite, je fus médusé par la surprise avant de reprendre mes esprits. Ils commencèrent à courir pour échapper à la course poursuite de la belle et mon cerveau ne fit qu'un tour : il fallait que je vienne à son aide.
Je décidai de prendre une autre rue, sachant pertinemment qu'elle donnerait à celle par où les deux voleurs se sont rués et me donnant ainsi de l'avance. L'avantage de vivre dans la rue, je dirais, c'était d'avoir fait le tour de la ville des centaines, voir des milliers de fois. Je connaissais tout par coeur. Je courus toute de même très vite, afin d'être sûr d'être à destination avant eux. Je finis par les rattraper et me voyant ainsi posté devant eux, leur barrant le passage, ils s'arrêtèrent net.

"Pousse toi toi!"
- Eh bien les gars, on qu'est ce qui vous arrive? On ne peut plus avancer?
"Mais t'es qui sale pédale?! Casse toi où j'te démonte."
J'ouvris les bras, d'un geste invitant. Je ne savais pas si c'était très judicieux parce que je savais au fond de moi qu'ils n'allaient pas hésiter.
"Mais allez y les poulettes, qu'attendez vous?!"

De toute façon, si je pouvais faire diversion, quitte à me faire tabasser un bon coup, je le ferais. Le garçon en face de moi m’assomma d'un coup de poing dans le nez mais je continuai à faire face. Voyant l'étudiante à l'arrière, je pris le sac et lui balançai au loin.

"Courrez! VITE!"

Remarquant que je leur avais soutiré le sac avant même qu'ils s'en aperçoivent, je reçus un autre coup, et le second gars se jeta à son tour sur moi. A cet instant, je reçus la plus grande branlée de toute ma vie. Complètement déboussolé par les coups, je ne sentis même pas la douleur lorsque je sentis mon ventre se faire rouer de coup de pieds. Je tentais de ne pas gémir de douleur, faisant silence pour ne pas paraître faible. Lorsqu'ils jugèrent en avoir terminé avec moi, ils évacuèrent les lieux, non sans m'avoir craché dessus avant de partir.

Je n'en pouvais déjà plus de courir après ces idiots des bacs à sable, sérieux ils n'avaient pas quelqu'un d'autre à emmerder? J'ai soupiré en m'arrêtant cinq seconde en soufflant. Au bout de la rue il y avait un jeune homme qui barrait la route aux deux gorilles et qui avait l'air de débarquer de nul part. Il n'était pas aussi grand qu'eux ni aussi musclé, mais j'ai vu tout suite dans son regard qu'il avait quelque chose de spécial. Je ne saurais dire quoi exactement, mais quelque chose. En tout cas il a réussis à récupérer mon sac et me l'a lancé en me disant de courir. Ce que j'ai fait, j'ai pris mes jambes à mon coup et j'ai tracé comme jamais je n'avais couru avant. Je me suis arrêtée une rue plus moins, me disant que maintenant je devais être sauf. J'ai me suis appuyé contre le mur pour souffler et reprendre mon air alors que je voyais les trois bonhommes sortir de la rue et partir dans un sens opposé ce qui fait qu'ils ne m'ont pas vu. Ils avaient l'air amusé et j'ai crains le pire pour le jeune homme qui m'avait rendu mon sac. Sans vraiment réfléchir je suis repartie et j'ai fait demi-tour, vers le point d'origine. Je ne m'étais pas trompé ils l'avaient tabassé. A cause de moi, parce qu'il m'avait aidé. J'ai couru vers le jeune homme m’agenouillant auprès de lui pour voir l'étendu des dégâts. Il avait l'air sonné, mais respirait encore s'était déjà ça. Le taxi était arrivé et m'attendait. Je me suis penché vers le jeune homme pour l'aider à se relever, je n'allais pas le laisser là.

"Tenez-vous à moi je vous emmène à la maison, je m'occuperais de vous."

Quelque chose me disait que je pouvais m'en occuper toute seule et que je lui devait bien ça, parce qu'il avait été tellement courageux. Je n'aurais jamais du filer et le laisser se faire taper dessus. J'aurais du leur donner mon sac, ça aurait sans doute pu éviter qu'il se prenne des coups.

" Je suis désolée qu'ils vous aient taper dessus, ça va aller?"

Je ne sais même pas son nom, mais je voudrais bien le connaître, mais il n'a peut-être pas envie d'avoir à faire à moi. Je me sens responsable de lui à présent et je ne le laisserais pas tout seul après ça, je serais tellement égoïste si je le faisais.

Ok, j'avais peut-être un peu merdé. En voulant jouer au brave chevalier servant à la rescousse de la princesse, je m'étais mis dans de sales draps mais je l'aurais regretté si je ne l'avais pas fait. Surtout en ce qui la concernait elle. Elle, dont je ne connaissait pas le nom et qui était devenue une véritable passion, voir même une obsession. Je ne savais pas pourquoi je réagissais de la sorte lorsque je la voyais. En prenant du recul, je me disais que c'était idiot et que je me faisais un pur fantasme. Mais lorsqu'elle apparaissait dans mon champs de vision, ce n'était plus la même chose. Mon corps trahissait mes émotions, mon regard devenait de braise et mon cœur se mettait à battre si fort que c'était presque étonnant que personne ne l'entende lorsque l'on s'approchait de moi. Des choses comme ça, qui arrivaient sans qu'on puisse leur donner une quelconque explication. C'était même assez gênant et perturbant parce que du coup, on avait l'impression que l'on était pas normal. Que quelque chose ne tournait pas rond dans notre tête, bien que j'étais à peu près sûr de ne pas être le seul dans ce cas là.

Les deux voyous n'étaient pas très costauds, une chance pour moi, mais ils étaient deux et moi j'étais tout seul. Je savais bien qu'en rendant le sac à sa propriétaire, j'allais m'attirer de gros ennuis, mais dans ces cas là, je me fichais bien de ma personne. Ce qui importait, c'était elle, qui ne lui arrive rien et que toutes ses affaires lui soient rendue. C'était assez stupide de ma part de penser de la sorte, parce que mon métier était le vol. Pas les cambriolages, ce n'était pas mon but de m'introduire chez les gens pour leur soutirer leur bien. Je ne voulais d'ailleurs pas être la cause de la perte d'une partie de leur vie. Je voulais seulement des sous pour vivre. Pas forcément une quantité astronomique, assez pour des repas chaud et, si possible, avoir un toit pour la nuit. Ou bien je volais des petites choses, comme des paquet de cigarettes, ce genre de chose là. La plupart du temps, je rendais le porte monnaie aux gens dont j'avais soutiré les sous, en les accompagnant d'un petit mot comme « Désolé d'avoir pris votre porte monnaie, mais voilà je vous le rends... sans les sous, bien sûr ! ». Je n'avais pas de pensées malsaines en allant à la pêche, et même s'il était vrai que je pensais à moi même plutôt qu'à autre chose, ce n'était pas pour être méchant. Bien que je pouvais admettre que c'était quand même mal sauf que moi, depuis que j'étais à la rue.. je vivais aux lois de la jungle, comme on dit.
Mon sens de la justice était toujours persistant cela dit et quand je voyais quelqu'un se faire agresser, je ne pouvais pas rester sans rien faire. Je n'étais pas du genre à réfléchir avant de passer à l'action et mon impulsivité prenait le dessus, comme ce qui venait de se passer. Et ce qui devait se passer se passa bien entendu. Content d'avoir trouvé une autre victime, les deux gars avaient préféré s'attaquer à moi plutôt que de poursuivre la jeune femme. En même temps, j'avais osé être « en travers de leur route » et en général, ça ne plaisait pas aux blaireaux.
Je reçus un premier coup de poing sur le visage, mais il n'avait pas été assez puissant pour me faire tomber à la renverse.
« C'est tout? » avais-je provoqué sous un air de défi. De toute manière, il fallait que je fasse diversion pour ne pas que l'idée de se préoccuper de l'étudiante ne leur revienne.
Alors je reçus un autre coup, plus puissant cette fois ci. Un peu plus et j'aurais eu le nez cassé. Je sentis le liquide chaud couler sur mes lèvres et tâcher mes vêtements de rouge. Celui là, par contre, m'avait vraiment fait mal, mais pas assez pour échapper un cri ou même un gémissement. J'avais cligné des yeux, un peu assommé et cela semblait plaire à mes deux agresseurs. Ils s'étaient mis à rire en me demandant si ça faisait mal. Je hochai la tête à l'affirmative, ne pouvant nier la douleur que ça m'avait fait. Et aussi pour les amuser et les inciter à recommencer. Je ne savais pas si elle était encore là, et j'espérais qu'elle avait suivi mon conseil mais je voulais lui donner encore plus du temps. « Ah oui, mais peut être pas assez... » Il avait marché, et je reçus un nouveau coup qui, cette fois, me fit tomber au sol. Cette fois ci, ce n'était plus seulement mon nez qui saignait, mais aussi le coin de mes lèvres.
- Oh la vache...
Ils se remirent à rire avant d'attaquer mon ventre à coup de pieds. Je fis mon possible pour rester silencieux malgré la douleur – et encore heureux que je n'eusse pas mangé juste avant -  et peu après, ils disparurent sous des éclats de rire, me crachant dessus en guise d'au revoir
« Merci les gars, vraiment..!!! » gémis-je en les voyant disparaître au coin de la rue.
Et puis me voilà seul, sur le gravier, a gesticuler pour trouver la position qui me permettrait d'avoir le moins mal possible. Heureusement, personne n'était là pour observer à quel point j'étais misérable et c'était mieux ainsi. Ça permettait de garder un peu de dignité et c'était pas plus mal. Sauf que voilà, je ne restai pas seul bien longtemps.  
J'entendis des pas au loin s'approcher de moi. « Et merde... » pensai-je  sans me retourner. Je n'aimais pas montrer mes faiblesse, je détestais avoir un sentiment de pure minable, d'insecte écrasé, de... faible. C'était plus fort que moi et je devais ça ma grande fierté. Mais quelle surprise n'eus-je pas lorsque je me retournai vers la personne en question qui s'était agenouillé près de moi pour voir si je n'allais pas trop mal. Mon sang ne fit qu'un tour en LA voyant et j'eus un mouvement de sursaut, en me redressant d'un seul coup, bien que mon ventre me rappela à cet instant qu'il avait subi bien des dommages. Malgré moi, je laissai échapper une plainte de douleur en posant ma main au niveau de mon estomac vide. Il n'y avait pas que l'agression qui me faisait mal au ventre. La faim me tiraillait les entrailles. Je n'avais pas mangé depuis deux jours et je commençai à le ressentir.

"Tenez-vous à moi je vous emmène à la maison, je m'occuperais de vous."

J'eus un moment d'hésitation. Je la regardais les yeux grands ouvert en m'apprêtant à répondre « non, je vais me débrouiller! » mais alors l'idée qu'une perche venait de se tendre à moi me vint à l'esprit. Certes, je détestai qu'un ait pitié de moi, mais je pense que j'aurais fait pareil si j'avais été à sa place. A un moment donné, il fallait se rendre à l'évidence et laisser faire les choses. Surtout avec une occasion pareille!

« Euh.. je... bien.. »

J'acceptai donc son aide même si une partie de moi continuait à pester et à se résigner. Mais voilà, c'était beaucoup trop tentant de passer du temps avec elle. Même si j'étais dans un état épouvantable et dans une position que je n'aimais pas du tout!  Et puis.. j'allais aller chez elle. Rien que cette invitation me faisait briller les yeux. Et même si je ne connaissais toujours pas son nom d'ailleurs.

" Je suis désolée qu'ils vous aient taper dessus, ça va aller?"

Mes yeux se braquèrent dans les siens, ouvrant de nouveaux grands les yeux. Cette fois ci, il était pas question qu'elle s'imagine des choses et qu'elle se fasse des conclusions trop hâtives.

« Ne soyez pas désolée! J'ai pris cette initiative moi même et j'assume à présent les conséquences. »

Bon d'accord, je prenais le risque qu'elle me dise « très bien alors si ça va aller je vous laisse, ciao! » mais tant pis.  De toute façon je voyais bien là qu'elle m'entrainais vers le taxi qui était venu exprès pour elle. Je m'accoudai alors contre le véhicule pour me prendre un nouveau point d'appui et alors que le chauffeur ouvrit la porte, je la regardai, hésitant :

« Je... dois monter? »

Disons que, d'un point de vue comme le miens, c'était fort luxueux comme chose. Je n'avais jamais mis les pieds dans un taxi de ma vie et je n'aurais jamais pensé le faire un jour.

La situation était désastreuse, j'avais peut-être récupéré mon sac, mais ce jeune homme en avait bavé et devait souffrir horriblement des coups de ses agresseurs. Il semblait un peu surpris que je lui propose de m'occuper de lui, pourtant c'était la seule chose à faire. Je n'avais pas envie de l'emmener à l’hôpital, là-bas on poserait beaucoup de questions et peut-être qu'il n'avait pas envie qu'on lui pose des questions. Je n'aurais pas aimée qu'on m'en pose en tout cas. J'aurais eu ma petite fierté et m'entendre dire que j'avais été incapable d'échapper aux coups aurait été un supplice. En tout cas il n'avait pas l'air contre l'idée, bien que de toutes façon je ne lui aurait pas laissé le choix. Je le tenais déjà, même si j'avais du mal parce que c'était la première fois que j'aidais quelqu'un de la sorte. Le chauffeur parut surpris et je lui ai indiqué d'un signe de tête que tout allait bien, qu'il était avec moi. Je ne connaissais même pas le nom de ce garçon qui avait risqué sa vie pour moi, parce quoi oui ça aurait pu être tellement plus grave. Je lui ais alors dit que j'étais désolé qu'il se soit fait taper dessus et sa réponse me surpris énormément. Je l'ai regardé d'un air étonné m'étant arrêté quelques secondes pour mieux l'observer.

« Vous êtes suicidaire alors? Enfin je ne voudrais pas vous offenser, mais … ils étaient trois tout de même et bien plus costaud que vous, mais je dois reconnaître que vous avez eu du cran, merci beaucoup d'ailleurs. J'aurais perdu tous mes cours, ça aurait été un peu agaçant de tout reprendre, mais je m'en veux un peu aussi qu'ils s'en sont pris à vous.»

Je ne savais pas trop si je devais lui crier dessus pour lui dire à quel point il avait été bête de venir à mon secours comme ça sur des gars qui auraient pu lui faire plus de mal que ça, ou si je devais le remercier d'avoir récupérer mon sac et de s'être pris ces coups pour moi. Il n'avait pas l'air ravi de devoir monter dans la voiture mais se serait plus rapide que de marcher, même si je n'habitais pas très loin.

« Oui, se sera plus rapide, j'habite un petit appartement pas très loin d'ici, j'ai ce qu'il faut à la maison pour soigner ces coups.»

J'ai une trousse de secours assez minime en fait, mais ça suffira, heureusement qu'il n'a pas de blessures plus grave, je n'aurais pas supportée de voir ça je crois. Je l'ai aidé à s'installer avant d'entre par l'autre porte et d'indiquer l'adresse au chauffeur qui démarra. C'était assez étrange d'être là avec un parfait inconnu et de ne pas savoir quoi lui dire. J'espère qu'il dira vite quelque chose, je suis tout à coup très peu bavarde.