Joyce & Kenneth
Please, just shup up

Ma montre affichait 2h du matin. Je réprimais un bâillement en continuant d'avancer dans ce fichu couloir jusqu'à la cafétéria de l'hôpital. Cela faisait une heure que j'attendais sans qu'aucun médecin ne s'arrête pour me rassurer. Durant la nuit, Seth n'avait pas arrêté de pleurer et était tout fiévreux, assez pour que ça ait de quoi m'inquiéter. Alors j'étais partie aux urgences avec lui. Arrivée à l'hôpital, des docteurs l'avaient pris en charge en me disant qu'ils allaient s'en occuper et le garder en observation, que je pourrais revenir le lendemain. Il n'avait même pas un an, c'était surréaliste de croire que je pourrais l'abandonner entre les mains des infirmières. Tout ce que je savais, c'est qu'il dormait dans un de ces idées berceaux en plastique désormais. Je n'avais pas envie de m'endormir aussi, mais le sommeil avait raison de moi. Voilà pourquoi je déambulais dans les couloirs telle une zombie, juste le temps d'aller boire un café. La caféine était réputée pour avoir un effet magique pour lutter contre le sommeil après tout. J'en avais bien besoin. J'étais fatiguée, agacée, inquiète, et de mauvaise humeur, ce qui ne pouvait décemment pas donner un excellent mélange. J'avais juste envie de rentrer avec mon fils, et de finir ma nuit. Je regrettais presque de ne pas avoir demandé à Flynn de m'accompagner... Au moins, à défaut de passer une bonne nuit, il m'aurait un peu calmée. Après que je lui ai pourri la vie. Enfin, cela concernait la santé de notre fils. Ce n'était pas le moment pour des chamailleries puériles. Nous aurions tout notre temps une fois mariés.
J'avais l'impression d'être dans le labyrinthe de Dédale. Je passais par plusieurs services, sur plusieurs étages avant de finalement arriver à la cafétéria. Quasiment déserte, à part quelques infirmières apparemment en pause. Je n'y fis même pas attention, trop exténuée pour ça. Machinalement je mis des pièces dans la machine et tentait de me satisfaire du bruit ronronnant qu'elle émit en remplissant le gobelet de café brûlant. Ç'en était presque réconfortant. Je me brûlais les lèvres et la langue en en buvant une première gorgée, ce qui eut le don de me faire revenir à la réalité. Puis, je tournais les talons pour retourner du côté pédiatrie.

C'était bien entendu sans compter le bourrin qui me heurta violemment. Les trois quarts du gobelet se retrouvèrent sur mon haut, me brûlant le décolleté au passage ce qui me fit grimacer de douleur. C'était chaud bordel ! « Vous pouvez pas faire attention ?! » Seulement ensuite, je levais un regard meurtrier sur ce type. Ma grimace s'accentua encore plus en voyant l'auteur. Kenneth Forester, abruti de première. Enfin, il ne l'avait pas toujours été, il était plus le genre agneau quand je l'avais connu. Sauf qu'entre temps, c'était devenu un connard sans raisons. Alors je me faisais une joie de répliquer. Mais là, ce n'était vraiment, vraiment pas le moment. « T'es vraiment un attardé Forester ! » Il est deux heure quinze du matin, je suis fatiguée, à bout de nerfs. Les quelques personnes présentes dans la cafétéria s'étaient retournées, surprises par ces cris soudains. Ma grimace ne me lâchait pas. Je sentais le café à dix kilomètres à la ronde, et mon pull était foutu. Fabuleux. « T'as ce don pour que je te déteste un peu plus dès que je te croise. » sifflais-je. Cela n'avait rien d'amical, en fait, cela sonnait plus comme... abaissant. « Où est-ce qu'il y a des toilettes pour que je puisse nettoyer tes conneries ? » J'étais déjà prête à l'étrangler s'il sortait son sourire de tête à claques.

BY .TITANIUMWAY